100.000 fonctionnaires en trop? "Que la Cour des comptes fasse les mêmes calculs avec nos élus"

100.000 postes de fonctionnaires sont dans le viseur de la Cour des comptes. L'institution présidée par Pierre Moscivici préconise le "retour progressif aux effectifs des collectivités [...] du début des années 2010", ce qui permettrait, selon elle, de réaliser 4,1 milliards d'euros par an à partir de 2030.
Un rapport rendu public mercredi à la suite de la demande en mars du Premier ministre de l'époque, Gabriel Attal, de se pencher sur les pistes de réduction des dépenses dans les collectivités.
Le gouvernement Barnier, de son côté, est lui aussi à l'affût pour réaliser des économies, alors qu'il anticipe un dérapage du déficit à 6,1% du PIB en 2024. Il a ainsi annoncé ce jeudi prévoir un effort de 60 milliards d'euros pour le projet de budget 2025 incluant le report au 1er juillet de l'indexation des retraites sur l'inflation.
"Un élu pour 1.000 habitants"
"J'aimerais que la Cour des comptes fasse les mêmes calculs avec nos élus. On a 36.000 communes et un élu pour 1.000 habitants", a pointé ce jeudi sur RMC, dans Charles Matin, le président de la CFTC Cyril Chabanier.
Le syndicaliste a également évoqué les agences d'État, trop nombreuses selon lui et dont le rôle et l'efficacité sont inconnues pour grand nombre des Français. Le Premier ministre Michel Barnier est allé dans son sens, mardi, lors de son discours de politique générale, annoncant des regroupements d'agences et d'opérateurs "ayant des objectifs proches".
Le Premier ministre a notamment cité les organismes dédiés à l'attractivité de la France, Business France et Atout France, et aussi annoncé la fusion de France Stratégie, le commissariat général à la stratégie, avec le Haut Commissariat au plan, actuellement dirigé par François Bayrou.
Pas assez de mutualisation, selon Cyril Chabanier
Bien que "les fonctionnaires n'y sont pour rien", Cyril Chabanier admet que des économies pourraient être réalisées au sein de ce "millefeuille administratif", estimant que les intercommunalités n'ont pas assez mutualisé leurs services. Il évoque notamment des "non-remplacements qui pourraient être effectués".
Une diminution des fonctionnaires, c'est hors de question pour Sébastien Martin, président des intercommunalité de France. Selon lui, celles-ci ont de plus de plus en plus de missions à gérer. La Cour des comptes, de son côté, pointe justement un accroissement des effectifs "malgré l'absence de nouveaux transferts de compétences".
Les transferts de compétences en question
Sébastien Martin prend l'exemple des inondations: "C'était avant à l'Etat de s'en occuper." Désormais aux mains des intercommunalités, "cela s'est fait sans aucun transfert de moyens humains", déplore-t-il. "Je veux bien la responsabilité de protéger les gens mais je ne vais pas le faire avec mes petits bras. Ce n'est certainement pas en cassant les collectivités qu'on y arrivera".
Frédéric Soulier, maire de Brive-la-Gaillarde (Corrèze) considère de son côté que moins de recrutements ne signifie pas pour autant un affaiblissement du service public. "Mon prédécesseur avait 230 collaborateurs de plus", avance-t-il. Et selon lui, ce n'est pour autant "que vous arrivez à mener mieux votre mission, si vous n'êtes pas suffisament organisé".
"La question, ce n'est pas de bosser plus"
Parmi les autres pistes d'économies, la Cour pousse pour "une application plus large de la durée légale du travail" de 1.607 heures annuelles dans les collectivités, qui permettent parfois à certains agents de travailler moins longtemps en compensation de la pénibilité de leur emploi.
"La question n'est pas de bosser plus", balaie le président de la CFTC. "Cela fait combien d'années que le point d'indice des fonctionnaires n'a-t-il pas été relevé? Dans la grande majorité, les fonctionnaires ont l'esprit du service public."
La résorption des 43 heures d'écart entre la durée légale (1.607 heures) et la durée moyenne de travail (1.564 heures) "permettrait aux collectivités de réduire leurs effectifs de 2,7%, soit 52.000 agents" pour "une économie annuelle de près de 1,3 milliard d'euros", détaille la juridiction financière.