Crise politique: d'après l'Histoire, la France pourrait en sortir grandie

Le gouvernement de Sébastien Lecornu est tombé au lendemain de sa nomination, lundi 6 octobre, ce qui en fait le plus court de toute l’histoire de France. Depuis, le pays a basculé dans une véritable crise politique... Mais faut-il s'inquiéter pour autant ?
S'il est vrai que cela fait bien longtemps qu'une telle instabilité gouvernementale n'était apparue, à l'échelle de l'Histoire, c’est arrivé assez souvent. La France en a vu d’autres, beaucoup d’autres ! Et le pays serait parfaitement capable d’y survivre.
Un duc surendetté
La France découvre l’instabilité gouvernementale au début du XIXe siècle. A l’époque, le régime est une monarchie parlementaire avec comme roi Louis Philippe. En 1834, celui-ci nomme le duc de Bassano président du Conseil, soit l'équivalent de Premier ministre à l’époque.
Mais le duc de Bassano était couvert de dettes. Ses créanciers ont donc profité de sa nomination.... pour saisir son salaire ! Le procédé était tellement honteux que ses propres ministres ont démissionné sans l’en informer. Trois jours après, le duc était congédié.
Plus tard, sous la IIIe République, l’instabilité gouvernementale devient même très fréquente, presque la norme. Les ministres avaient l’habitude de rester quelques semaines, quelques mois, mais rarement plus d’un an.
Parfois les postes étaient vraiment très courts. Comme en 1924, lorsque la gauche remporte les élections. Mais le président de l’époque, un homme de droite, Alexandre Millerand nomme un président du conseil de droite, avec que des ministres sortants. Résultat : le gouvernement est renversé en deux jours. Le président a démissionné le lendemain.
La Vème plutôt stable ?
Sous la IVe République, ça ne sera pas beaucoup mieux. De 1946 à 1958, la durée moyenne des gouvernements était de 7 mois. Au total, il y a eu 24 présidents du Conseil et 22 gouvernements en 12 ans.
Le record est battu en 1950, lorsque le radical socialiste Henri Queuille est nommé président du Conseil. Son gouvernement tiendra deux jours avant d’être renversé par des socialistes. Finalement, ce n'est que sous la Ve République, avant Emmanuel Macron, que les gouvernements étaient surtout stables...
A une exception près néanmoins : Edith Cresson, la première femme nommée Premier ministre. François Mitterrand l’avait imposé contre l’avis du Parti socialiste et de ses conseillers, mais la greffe n’a jamais pris. Elle démissionnera finalement après 10 mois. Elle a d’ailleurs remis une lettre de démission tellement virulente et insultante que personne n’a jamais osé la publier.
Bien sûr, Emmanuel Macron déjoue les statistiques. Puisque parmi les cinq Premiers ministres les plus éphémères de la Vème République, 4 ont été nommés par lui.