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"C'est open bar": bols bretons, jeux, menus enfant... Les notes de frais des maires Parisiens choquent

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Les notes de frais des maires d'arrondissement parisiens choquent les Grandes Gueules. Au menu, des bols bretons, des thermos, des repas pour enfant mais aussi d'importants montants de vêtements de luxe, dont la destination ne semble pas être les intéressés eux-mêmes.

Si vous vous baladez dans le 6e à Paris, vous pourrez peut-être croiser le maire d'arrondissement Jean-Pierre Lecoq avec des chaussures pour femmes aux pieds. Car l'élu a utilisé une partie des frais de représentation qui lui sont alloués chaque année pour acheter plusieurs paires de chaussures de modèles féminins pour 745 euros.

Et si vous vous promenez du côté du bois de Vincennes, c'est la maire écologiste du 12e Emmanuelle Pierre-Marie, que vous pourrez croiser avec un thermos ou ses 4 bols bretons à prénoms payés (à Cherbourg) grâce à ses frais de représentation.

20 passages chez le coiffeur en un an pour la maire du 5e

C'est ce que révèle Libération qui s'est penché sur les notes de frais des maires d'arrondissement parisiens pendant la mandature en cours (2025 exclus) après les révélations sur celles de la maire de Paris Anne Hidalgo.

Et les résultats sont étonnants. Qu'ils soient LR, PS, Horizons ou écologistes, ils sont nombreux à avoir utilisé leur enveloppe légale pour se faire rembourser des biens et des services étonnants, mais dans le respect théorique des règles.

Ainsi, la maire horizons du 5e Florence Berthout, est allée 20 fois en un an chez le coiffeur aux frais de ses administrés. Alexandra Szpiner, la femme du maire LR du 16e arrondissement, a réussi à faire rembourser sur les notes de frais de son mari, deux lampes anti-odeurs de tabac.

Notes de frais des élus : le grand scandale ? - 03/10
Notes de frais des élus : le grand scandale ? - 03/10
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Dans le 12e encore, c'est peut-être pour affronter un hiver parisien rude que la maire Emmanuelle Pierre-Marie s'est faite rembourser une polaire pour homme et un pantalon de ski en plus d'un jeu de société pour enfants. Le maire LR du 15e Philippe Goujon plaide "l'erreur" et s'engage à rembourser quand Libération lui demande pourquoi il a payé des menus enfant au restaurant.

Certains élus profitent de leurs vacances à Londres, New-York ou au Havre pour y faire du shopping tandis qu'ils sont nombreux à fréquenter les tables parisiennes les plus chics pour des repas onéreux.

Depuis 2020, les frais de représentation du maire de Paris sont fixés à 19.720 euros par an et ceux des maires d'arrondissement à 11.092 euros par an. Ces sommes sont versées au compte-goutte chaque mois avec le salaire des élus. Et si ces frais de représentation ne sont pas consommés, les maires les restituent. Sont autorisés comme dépenses de frais de représentation des "cadeaux protocolaires" (livres, fleurs...) ou des "cadeaux pour des événements particuliers", comme des peluches pour des naissances précise Libération.

C'est justement dans le cadre d'un "cadeau protocolaire" que la maire du 6e Jean-Pierre Lecoq aurait acheté des chaussures pour femmes, assure à RMC.fr son entourage.

"Simple d'utiliser l'argent qui n'est pas le tien"

Des notes de frais qui scandalisent les Grandes Gueules ce vendredi. Ancien directeur de cabinet de plusieurs maires notamment à Dunkerque, Antoine Diers explique que de nombreux élus ne se considèrent pas assez payés et se rattrapent sur les notes de frais: "Cela a longtemps été un complément de revenus un peu caché. Il faudrait de la transparence en obligeant les élus à publier leurs notes de frais sur un site accessible à tous, sinon on continuera à avoir tous ces arrangements".

"C'est simple d'utiliser l'argent qui n'est pas le tien et pour lequel tu ne t'es pas levé pour le gagner", tacle l'auto-entrepreneure Joëlle Dago-Serry. "Les Français ne supportent plus ça, même si c'était pour se faire payer un demi de bière", note Emmanuel de Villiers.

"La ville de Paris est surendettéee et on apprend que c'est open bar sur les notes de frais, cet argent sert à n'importe quoi et ce sont des radins", tacle Olivier Truchot.

"J'ai vu des hauts-fonctionnaires se faire rembourser un café à 1,5 euro"

"Jamais ça ne me viendrait à l'idée de faire de telles notes de frais", se désole sur RMC et RMC Story Jean-Simon Leblanc, maire sans étiquette de Labastide-Monréjeau (Pyrénées-Atlantiques), un petit village de 600 habitants. "J'ai souvent vu des maires et des hauts-fonctionnaires au congrès des maires se faire des notes de frais pour un café à 1,5 euro", assure l'élu qui ne bénéficie d'aucune indemnité de note de frais.

"Quand j'achète un gâteau aux parents d'élèves pour la kermesse, je le fais avec mon indemnité d'élu, je ne vais pas faire une note de frais pour ça", poursuit Jean-Simon Leblanc.

Interrogée par Libération, la maire du 8e Jeanne d'Hauteserre appelle à la suppression de ces indemnités de représentation: "On demande aux citoyens de se serrer la ceinture et de faire attention, on a eu un privilège qu'il faut abandonner", assure l'élue qui a de son côté dépensé 35.7779 euros en vêtements en 4 ans, notamment chez Maje, Sandro, The Kooples et Bompard.

Guillaume Dussourt Journaliste BFMTV-RMC