Est-ce une bonne idée de faire payer les plus riches pour pallier le déficit budgétaire français?

Est-ce que taxer les riches, c'est une bonne piste pour réduire les déficits? Dans le cas de la France, c’est peut-être payant politiquement, mais c’est dangereux économiquement et décevant financièrement. Payant politiquement parce que 7 à 8 Français sur 10 sont favorables à une taxation des plus fortunés. Donc, ce serait considéré comme une mesure de justice fiscale.
Mais c’est dangereux économiquement parce que les ménages français les plus aisés sont déjà ceux qui sont le plus taxés au monde avec les danois et les japonais, alors que leurs entreprises, elles, sont vraiment les plus taxés du monde, d’après la commission européenne qui le dit. Donc gare au ras-le-bol qui affaiblirait notre économie.
Et finalement, tout ça serait financièrement décevant parce que la plupart de ces mesures rapporteraient au mieux quelques milliards d’euros: rien que pour cette année, on en cherche 44.
Faire fuir les foyers aisés
Alors, est-ce que la menace souvent brandie de voir fuir les riches à l’étranger si on les taxe davantage est réelle? Ils ne partent pas tous évidemment, mais certains partent. Exemple avec la taxe à 75% de François Hollande: entre 2012 et 2016, 19.000 foyers aisés ont quitté la France, trois fois plus que les 5 ans précédents. Beaucoup étaient des entrepreneurs qui ont privé la France d’emplois, de cotisations sociales, d’impôts. C’est pour ça qu’Emmanuel Macron avait supprimé l’ISF.
Plus récemment, au Royaume-Uni: le gouvernement travailliste a voulu surtaxer les riches. Plus de 10.800 millionnaires ont déménagé en un an, trois fois plus que l’année précédente pour Monaco, Dubaï, Chypre ou Milan.
Contributions exceptionnelles
Mais il y a bien des moyens de les faire payer plus d’impôts sans pénaliser l’économie française. On oublie tout ce qui est hausse pérenne de la fiscalité sur le revenu, sur le patrimoine financier, sur les entreprises et leur transmission. La tentation de la taxe Zucman, qui impose aux 1.800 familles de payer au moins 2% de leur fortune en impôt. Ça permet de limiter l’optimisation fiscale, mais à condition d’être appliqué au moins à l’échelle européenne, ce qui est la tendance (Allemagne, Belgique, Portugal, Norvège, et peut-être bientôt en Suisse.
En revanche, ce qui fonctionne, ce sont les contributions exceptionnelles, et sur les très grosses fortunes. Pourquoi ne pas lancer un emprunt obligatoire comme l’avait fait Pierre Mauroy en 1983? Plus audacieux: en 2013, au moment de la crise de l'Euro, le FMI était allé plus loin, proposant la ponction de 10% de tous les gros patrimoines européens.