"Expliquez-nous": comment Airbnb est devenu sponsor officiel des JO de Paris

Airbnb, la plateforme de location d’appartement est devenue mardi officiellement un des principaux partenaires du comité international olympique. Airbnb sera donc un des sponsors des jeux de Paris alors que la Ville de Paris est en guerre contre l’entreprise américaine

"Airbnb, C’est une multinationale qui ne respecte rien". C'est Anne Hidalgo la maire de Paris, qui a dit cela. "Je mène une bataille contre cette multinationale qui ne respecte rien", a-t-elle dit. Et qui devra se résoudre à voir le logo d’Airbnb, partout dans Paris et sur les sites olympiques en 2024? Et bien c’est Anne Hidalgo.

Parce que l’entreprise a signé hier un partenariat avec le comité international olympique, le CIO, pour entrer dans le club des 14 gros sponsors des Jeux, au même titre que Coca-Cola. Le montant du deal est resté secret, mais l’accord porte sur les Jeux de Tokyo en 2020, de Paris en 2024, et de Los Angeles en 2028. Plus deux Jeux d’hivers. Anne Hidalgo avait écrit au patron du CIO pour lui faire savoir son opposition, mais elle n’a visiblement pas été écoutée.

Fondé en 2008

Airbnb, c’est la plus grande plateforme de location de logement entre particuliers fondée en 2008 par deux jeunes designers au chômage qui étaient en colocation à San Francisco. Ils repèrent près de chez eux un salon du design qui doit se tenir et ils repèrent que tous les hôtels du quartier sont pleins. Ils mettent donc une petite annonce pour offrir trois matelas gonflables installés dans la chambre d’ami. Matelas pneumatique en anglais c’est Airbed, et comme ils offrent le petit déjeuner, ils créent Airbed and breakfast qui deviendra AirBnb.

La première année ils ont en tout deux clients. Et pour financer la création du site internet ils vendent des cornflakes. Mais ensuite tout décolle, les chiffres s’envolent, les partenaires et les capitaux arrivent. Les deux anciens chômeurs sont désormais riches mais discrets. On ne leur connaît aucune folie. On ne sait pas grand-chose de leurs vies privées. L’un des deux s’est juste fait remarquer en militant contre Donald Trump sur la question des réfugiés...

Leur petite affaire est aujourd’hui estimée à 31 milliards de dollars, avec un chiffre d’affaire d’un milliard par an. Ils touchent 6 à 12% de commission sur toutes les locations et il y en a 50.000 par jour, 600 millions de clients dans le monde et 6 millions d’offres de location actuellement sur le site dans presque tous les pays et dans 100.000 villes.

Et quelle est la ville au monde qui offre le plus de logements et qui attire le plus de touristes? C’est Paris. 60.000 logements en location à Paris contre 49.000 seulement pour New York. D’où la bataille de la mairie de Paris. Le maire du deuxième arrondissement estime qu’en deux ans, il a perdu 15% de ses habitants. Des investisseurs achètent des immeubles entiers pour les mettre en location saisonnières. Un Parisien sur 5 a déjà mis en location son logement pour gagner un peu d’argent, y compris désormais des locataires de HLM qui sous louent pendant leurs vacances -ce qui est interdit.

Paris et de nombreuses autres villes françaises se sont d’abord battues pour toucher la taxe de séjour. Puis pour que les loueurs soient obligés de s’enregistrer, puis pour limiter le nombre de jours de location autorisés par an.

Le même combat a été mené à Barcelone, ou à Amsterdam. Dans le New Jersey, la banlieue de New-York, une loi vient d’interdire les locations sauf si le propriétaire reste dans le logement.

Airbnb interdit à Berlin

Berlin a été la première grande ville à avoir interdit Airbnb. Mais la capitale allemande est finalement revenue sur l’interdiction parce que ça ne marchait pas, et que les Berlinois poursuivaient la ville devant les tribunaux.

Critiquée un peu partout, l’entreprise californienne a besoin de se refaire une image, d'où le sponsoring des jeux olympiques excellent pour l’image… Mais d'où aussi une série de mesures annoncées il y a 10 jours pour renforcer la confiance.

Toute les annonces du site vont être vérifiées, une par une. Opération qui vient de commencer et qui durera 13 mois. On va vérifier si les logements correspondent à l’annonce et aux photos. Et si le logement existe. Puisque récemment une journaliste américaine avait trouvé 100 annonces qui était fictives. Des escrocs empochaient la caution et les touristes se retrouvaient à la rue.

Airbnb répond à cette enquête en créant une ligne d’urgence et en promettant dès le 15 décembre prochain un remboursement intégral pour les clients trompés. Airbnb doit aussi redorer son image en terme de sécurité. Trop d'appartements loués pour des fêtes qui tournent mal. La dernière le 2 novembre dernier. A Orinda aux Etats-Unis une maison avait été louée pour 12 personnes et finalement une centaine sont arrivés. La police a été alerté mais à son arrivée une fusillade a éclaté: 5 morts et de nombreux blessés.

Pour traiter ces questions, Airbnb a aussitôt embauché l’ancien patron de la police de Philadelphie et l’ancien conseiller en sécurité de Barack Obama. Un ancien ministre de la justice américain avait déjà été embauché pour les questions juridiques.

Parce le plus important, c’est que l’introduction en bourse est prévue en 2020. Et là on ne rigole plus. C’est à cette occasion que les deux designers vont vraiment s’enrichir.

Nicolas Poincaré