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Faut-il craindre une pénurie de Carambar?

La production de ces célèbres bonbons est quasiment au point mort dans l'usine historique de Marcq-en-Baroeul dans le Nord, à cause d'un conflit social qui dure depuis décembre.

On ne rit plus rit chez Carambar: il n'y aura personne pour faire tourner l'usine. 

Production au point mort, dialogue social "enlisé", arrêts de travail... une grève des salariés de l'usine Carambar à Marcq-en-Baroeul, dans le Nord, contre une baisse de salaires qu'ils jugent "inacceptable" se prolonge jusqu'à faire craindre, à terme, une pénurie des célèbres caramels. Et pour cause: il s'agit de l'usine historique, la seule au monde à produire, depuis 1954, l'iconique bâtonnet caramélisé. 

Pénurie?

En cause: la direction veut fermer son site de Marcq-en-Baroeul, près de Lille, pour le déménager sur la commune voisine de Bondues, dans une autre usine du groupe. 

Fin 2020, la direction a annoncé aux 112 salariés son projet de fermeture du site pour un déménagement à l'été. Or, ce projet prévoit 105 offres de reclassement, avec "des baisses de salaires" pouvant aller jusqu'à 25%, selon les syndicats.

"On négocie depuis six journées: sur les rémunérations, on n'avance pas. C'est pour cela que ça créé un gros problème: on demande aux salariés de faire le même travail, dans un lieu différent, avec des conditions différentes, pour en plus perdre une partie rémunération" explique sur RMC André Jorisse, secrétaire (FO) du CSE.

Depuis décembre, les débrayages s'enchainent et la production est désormais totalement arrêtée: une partie des quelques 7.500 tonnes de caramels annuelles est en panne sèche. 

Se disant "consciente" de l'"effort demandé aux collaborateurs", la direction justifie sa décision par la volonté de "préparer l'avenir" en regroupant son activité sur un site "plus moderne", dans une vaste zone industrielle.

"J'ai bien peur que même la marque disparaisse"

En outre, "on a un vrai problème de compétitivité" et "certains niveaux de rémunération sont déconnectés du marché", explique à l'AFP Thierry Gaillard, PDG du groupe" Carambar & Co" - racheté en 2017 par le fonds d'investissements Eurazeo qui possède notamment Lutti, Krema, Michoko et Malabar. Il rappelle que ce plan intervient dans un "marché du bonbon en déclin", une décroissance "accélérée par la crise du Covid-19" et "une forte concurrence". 

Toutefois, "les salariés conserveront leur ancienneté" et "le salaire sera maintenu pour environ 50% des offres de reclassement. Pour les autres, ce sera un ajustement contenu, jusqu'à 15%" de baisse maximum, assure M. Gaillard, soulignant que "les négociations avec les partenaires sociaux sont en cours". 

Selon André Jorisse, secrétaire (FO) du CSE, "dans les deux prochaines semaines, si le problème n'est pas réglé, on s'en va vers une pénurie de Carambar, c'est sûr. Et j'ai même envie de dire que si le conflit s'enlise encore plus, et que l'on avance pas dans les négociations, j'ai bien peur que même la marque disparaisse" prévient-il.
Martin Cadoret et Xavier Allain