L'EPR de Flamanville peut enfin commencer à produire: "Pas une réussite, mais pas un échec"

Nouveau palier décisif pour l’EPR de Flamanville. EDF vient de recevoir l’autorisation de l’Autorité de sûreté du nucléaire pour produire ses premiers électrons. Mais le feuilleton n’est pas fini. Car le réacteur est encore loin d’être raccordé au réseau.
Pour cela, il faudra attendre la fin de l’automne. EDF vient de mettre à jour son calendrier. L’ASN vient de lui donner le droit de lancer la fission nucléaire, le réacteur va donc d’abord fonctionner à 0,2% de sa puissance. Puis il augmentera graduellement jusqu’à 25%, et c’est à partir de ce moment-là que le réacteur sera raccordé au réseau électrique national. Un raccordement particulièrement attendu par les élus locaux nous expliquait le président de la commission locale d’information, car ce raccordement, à proprement parler, est synonyme d’importantes retombées financières pour les communes alentour.
“Les élus n’attendent que ça: l’argent”, peste un opposant, “mais il faut quand même que ça soit sûr”. Or cet été encore, les ingénieurs d’EDF ont dû faire face à de nombreux aléas, sur des capteurs, sur le système de ventilation… Une dizaine d’incidents déclarés à l’Autorité de sûreté nucléaire, qui a finalement donné son feu vert.
Pas de service en pleine capacité avant 2025
Invité sur RMC ce mardi matin, Nicolas Goldberg, associé énergie chez Colombus Consulting, fait le bilan de cet EPR.
“On ne peut pas dire que c’est une grande réussite, mais pour autant, on ne peut pas dire que c’est un échec puisqu’à la fin, le réacteur fonctionne et qu’il va produire de l’électricité. Il nous a aussi permis d’apprendre. Ce chantier de Flamanville a essuyé tous les plâtres de la désindustrialisation. On n’a pas mis de réacteur en service depuis 1999. Et maintenant, le plan d’EDF, c’est d’en construire d’autres en apprenant du premier”, explique-t-il.
L’ASN devra d’ailleurs valider les opérations pour que le réacteur dépasse les 25% de sa puissance nominale, même chose à 80%. Un fonctionnement à pleine capacité du réacteur est donc exclu avant 2025. Le but final est d’alimenter 3 millions de foyers grâce à l’EPR de Flamanville. Le dossier est symbolique, alors qu’Emmanuel Macron a commandé six nouveaux réacteurs plus petits que celui de Flamanville. “C’est un démarrage politique, grince un anti-EPR. Il faut bien que ça démarre si EDF veut en construire d’autres."