"Le loup est dans la bergerie": le partenariat entre La Poste et le chinois Temu fait polémique

Image d'illustration - Photo par CARINE SCHMITT / HANS LUCAS / HANS LUCAS VIA AFP
Les marques chinoises s'installent en France. Après le BHV et Shein, c'est au tour de La Poste de s'associer avec Temu. Mercredi, Colissimo - le service de livraison aux particuliers du groupe public de livraison - et la plateforme chinoise de commerce en ligne se sont accordés pour "renforcer leur collaboration logistique et soutenir les vendeurs" français en facilitant l'envoi de colis, précise un communiqué commun des deux entités.
"C'est encore un signal catastrophique envoyé à nos industriels et entrepreneurs, qui produisent sur le territoire français avec des normes sanitaires et sociales dignes", explique Gilles Attaf, président d'Origine France Garantie, dans Apolline Matin. "On laisse entrer le loup dans la bergerie. Nous sommes coincés entre deux fronts: le protectionnisme américain et le dumping chinois."
Des entreprises controversées
Les géants comme Shein et Temu se sont construits autour d’une vente de produits à prix cassés par rapport à la concurrence. Des chiffres impossibles à suivre: "Ces plateformes ne sont pas rentables et sont subventionnées par le gouvernement chinois", indique Gilles Attaf au micro de RMC.
"Nos entreprises se retrouvent à souffrir de leur concurrence déloyale, ce qui est absolument scandaleux", poursuit-il.
Concurrence déloyale, pollution environnementale, travail indigne… voilà ce que cautionne ce nouveau partenariat selon Yann Rivoallan, président de la Fédération du prêt-à-porter féminin: "La Poste est complice de ventes de produits dangereux et illicites. Car tous ces produits livrés sont majoritairement hors normes et les deux tiers sont dangereux."
Aujourd’hui, ces plateformes asiatiques représentent 22 % des colis acheminés par La Poste, et ce chiffre pourrait continuer d’augmenter avec cet accord. Les acteurs français réclament désormais une réaction ferme du gouvernement: "J'ai toute confiance en Roland Lescure (le ministre de l'Économie) pour légiférer", souligne Gilles Attaf. "Nous avons peut-être connu une instabilité politique, mais il est temps de reprendre la main face à ces grands groupes qui exercent une forte pression par leur lobbying."
Le gouvernement doit agir le plus rapidement possible et convoquer La Poste pour interdire ses sociétés d'agir librement.
Des groupes qui ne participent que très peu à l’économie française, les livraisons n’étant taxées qu’à partir de 150 euros. Pour remédier à cela, le gouvernement souhaite introduire, via le budget 2026, une taxe de deux euros par envoi de faible valeur originaire de l’extérieur de l’Union européenne.
"Une mesure insuffisante", selon l’ancien PDG de la maison Smuggler. "Ces sociétés sont en train de détruire des emplois sur notre territoire."
Face à ces critiques, La Poste se défend. Contacté par RMC, le groupe affirme travailler avec tous les commerçants conformément aux traités internationaux, précisant aussi avoir besoin de tous les flux de colis possibles pour survivre.
Un argumentaire loin de convraincre. "Le gouvernement doit agir le plus rapidement possible et convoquer La Poste pour interdire ces sociétés d'agir librement", martèle Yann Rivoallen. La tension est loin de retomber...