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"Des fossoyeurs": les élus de tous bords se mobilisent contre l'arrivée de Shein en magasin

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Levée de bouclier après l'annonce de l'implantation physique de magasins Shein en France prévu au BHV marais à Paris, mais aussi dans les Galeries Lafayette du territoire. Le secteur de l'habillement, mais aussi les politiques montent au créneau. Ils réclament l'intervention de l'Etat.

L’arrivée de Shein en France continue de faire des remous. La plateforme asiatique d'ultra-fast fashion a annoncé cette semaine le lancement à partir de novembre de six magasins physiques, implantés au sein du BHV Marais à Paris et dans des Galeries Lafayette en région. Une annonce qui déclenche l'ire des fédérations de commerçants, qui accusent Shein de tuer le prêt-à-porter français.

Et l’indignation est palpable aussi du côté de certains élus qui demandent à l’Etat d’empêcher cet accord. L’Etat dispose d’un levier depuis trois mois… La caisse des dépôts, organisme public est en négociation avec la société SGM, propriétaire des Galeries Lafayette en région et du BHV à Paris L’objectif, acquérir une partie des murs du grand magasin parisien et permettre de financer une rénovation.

Un moyen de pression de l'Etat?

Sauf qu’en même temps l’accord entre Shein et SGM passe très mal. “Dérouler le tapis rouge à l’enseigne de e-commerce n’est clairement pas en ligne avec nos valeurs”, déplore la caisse des dépôts qui n’était pas dans la confidence.

Le député LR Antoine-Vermorel Marques voit dans ces négociations un moyen de pression pour éviter l’arrivée de Shein dans ces grands magasins.

“L’Etat est libre d’investir ou de ne pas investir dans certains lieux. Si aujourd’hui il laisse rentrer pour des raisons financières des acteurs qui sont là pour mettre à mal notre économie et nos acteurs français, l’Etat doit pouvoir dire que l’Etat se retire des négociations”, appuie-t-il.

Il interpelle directement l’Etat alors que le deal entre le SGM et Shein, selon nos informations n’est toujours pas officiellement signé.

D’autres élus sont également montés au créneau. "En aucun cas Angers n'a fait le choix de Shein !" Ce sont les mots de Christophe Béchu, ancien ministre de la Transition écologique et maire d’Angers, ville dans laquelle l’enseigne a annoncé s’implanter. Un rejet partagé par de nombreux élus qui dénoncent un modèle destructeur pour l'environnement et l’emploi.

"Le mastodonte de la mode jetable"

La marque serait même un “fossoyeur” du commerce de proximité selon Olivia Grégoire, ex-ministre déléguée au commerce et députée Renaissance. Elle rappelle que “rien n’est encore signé”.

Frédéric Merlin, le président de la SGM, la société propriétaire du groupe Lafayette en région et du BHV a annoncé être soutenu par la maire de Paris. Des propos démentis par son cabinet, et Nicolas Bonnet-Oulaldj est adjoint au commerce. “On ne va pas aider la Société de grands magasins si elle va sur un modèle qui est complètement en opposition avec ce qu’on défend à Paris et notamment sur les enjeux humains, climatiques et les enjeux du commerce de proximité”, souligne-t-il.

Sur RMC, ce vendredi, il a de nouveau été très virulent envers la marque.

“Shein veut s’acheter une vitrine en France. Alors on sait que c’est le mastodonte de la mode jetable. Ils ne respectent pas les normes environnementales, elle fait travailler des ouvriers dans des conditions déplorables. Elle a été sanctionnée par la France pour pratique commerciale frauduleuse et également à l’échelle européenne. Et aujourd’hui elle veut s’implanter au cœur de la capitale de la mode”, déplore-t-il.
Le débat RMC : Faut-il empêcher l'installation des magasins Shein ? - 03/10
Le débat RMC : Faut-il empêcher l'installation des magasins Shein ? - 03/10
7:34

De nombreux députés appellent à accélérer la mise en vigueur de la loi contre la fast-fashion, déjà adoptée par le Parlement.

Thomas Becker et Lou Garnier avec Guillaume Descours