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"Une décision morale plutôt que business": ces enseignes quittent le BHV à cause de Shein

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Plusieurs enseignes ont annoncé renoncer à leur stand au BHV Marais, à Paris, après l'annonce de l'arrivée de la marque chinoise d'ultra fast fashion Shein. "On ne souhaite pas être à côté, même si ça pourrait amener énormément de trafic", fait savoir Louis Marty, de la marque de cosmétiques Merci Handy.

Mercredi, le mastodonte de la mode à prix cassés Shein a révélé avec fracas le lancement de premiers magasins physiques pérennes en France, une première mondiale. Les amateurs de la marque chinoise pourront, progressivement dès novembre, la retrouver au sein de l'iconique BHV Marais, en plein coeur du Paris, grâce à une alliance avec la Société des Grands Magasins (SGM), mais aussi dans cinq Galeries Lafayette en dehors de la capitale comme à Dijon, Reims, Grenoble, Limoges ou encore Angers.

"Choquée et déçue"

Lorsqu'elle a appris l'arrivée de Shein, il a à peine fallu une heure à la fondatrice des produits de maternité Talm pour envoyer un email au BHV annonçant son départ. Kenza Keller. "Ça a été instinctif, j’ai été extrêmement choquée et déçue, je suis parisienne, j’allais au BHV avec mon papa, je suis hyper attachée émotionnellement à ce territoire, associer ma marque à ce type de décision, c’était inconcevable", explique-t-elle à RMC.

Lui aussi a décidé de quitter le grand magasin: Louis Marty de la marque de cosmétiques Merci Handy a pris rendez-vous en urgence avec la direction du BHV, il les rencontrera mardi. "Je pense qu’on a beaucoup de nos clients qui achètent sur Shein, ce n’est pas pour ça qu’on les juge, mais nous, on ne souhaite pas être à côté de produits Shein, même si ça pourrait amener énormément de trafic au BHV. C’est plutôt une décision morale qu’une décision économique ou business", revendique-t-il.

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"Je pense qu’il est de notre responsabilité, en tant que marques, de nous positionner clairement. Avec François Morrier nous souhaitons retirer AIME du BHV. Et j’invite toutes les marques partageant ces convictions à réfléchir à cette décision avec nous. Nos choix collectifs construisent l’avenir de notre industrie", a réagi sur Linkedin Mathilde Lacombe, cofondatrice d'Aime. D'autres commerçants pour l'instant discrets vont suivre le mouvement, assure la Fédération du prêt-à-porter féminin.

Des impayés?

"On se demande si le buzz créé par l’annonce de Shein n’est pas destiné à cacher les impayés", s'interroge dans Le Parisien Cédric Dhalluin, dirigeant d’EMDE, entreprise d’encadrement présente depuis 24 ans au sein du grand magasin parisien. Il rapporte que le BHV lui doit 240. 000 euros et indique ne pas avoir reçu de virement depuis février.

Shein "ne peut pas être le sauveur d'un secteur qu'il a contribué à affaiblir", a dénoncé l'Alliance du Commerce qui dénonce le partenariat puisque cela confère à la marque "une forme de reconnaissance, alors même que son fonctionnement est contraire aux efforts de transformation du secteur".

La Confédération des commerçants de France a, elle, exigé "un contrôle immédiat" par la Répression des fraudes "des promotions et pratiques commerciales de Shein dans ses corners BHV/Galeries Lafayette" et "des sanctions exemplaires en cas d'infractions constatées".

Victor Joanin avec LM