Pourquoi une rétrogradation de la note de la dette porterait un coup à la crédibilité de la France

La France sera fixée ce vendredi 12 septembre sur la qualité de sa dette. L'agence Fitch doit rendre sa note, dans la soirée. Une note pour l'instant fixée à AA-, mais en cas de dégradation, la France basculerait pour la première fois dans la catégorie du "simple A".
Après la chute du gouvernement Bayrou lundi, l'arrivée à Matignon de Sébastien Lecornu, et les manifestations de mercredi, c'est donc une nouvelle journée à haut risque pour l'exécutif. Par ailleurs, l'Insee a relevé jeudi à 0,8% sa prévision de croissance pour la France en 2025, contre 0,6% auparavant.
Fitch va-t-elle sanctionner la France?
La France est donc actuellement nommée AA- par Fitch. L'agence avait émis une perspective négative il y a six mois: sans plan crédible pour assainir ses finances, la note de la France risque d'être dégradée. C'était l'avertissement de Fitch en mars dernier et six mois plus tard, la situation ne s'est pas améliorée. Pourtant, certains facteurs pourraient retenir au dernier moment le bras de l'agence, comme la croissance, un peu plus robuste qu'attendu, et la nomination rapide de Sébastien Lecornu à Matignon, selon l'économiste Anthony Morlet-Laviladie,
“On est certes dans une paralysie politique, mais avec peu de visibilité, elle pourrait estimer qu’il est nécessaire d’attendre de voir le déroulé de la constitution d’un gouvernement et le dépôt d’un budget, pour voir si celui-ci répond aux attentes des marchés de la commission européenne, de savoir réduire le déficit public. Elle pourrait estimer qu’il est encore un petit peu trop tôt pour en décider”, explique-t-il à RMC.
En cas de dégradation, la France passerait de la note AA- à la note A+, autrement dit, de 17 sur 20, à 16 sur 20, a priori sans grande conséquence sur les marchés financiers, qui se sont déjà fait leur avis sur nos difficultés financières. Mais ce serait un signal négatif de plus pour la crédibilité de la deuxième puissance économique européenne.
L’exécutif sous pression
Et le gouvernement sortant espère encore que la note soit maintenue. Les agents de Bercy ont échangé encore ces dernières semaines avec les experts de Fitch pour tenter de maintenir la note de la dette française. Plusieurs responsables du bloc central espèrent, aussi, que la nomination rapide de Sébastien Lecornu ait un impact positif. Sans vacance du pouvoir à quelques heures du verdict.
Emmanuel Macron demande d'ailleurs au nouveau Premier Ministre de maintenir un effort budgétaire, et de boucler le budget dans les temps, d'ici le 31 décembre. Les agences de notation pourraient donc laisser un peu de répit à la France, espère un conseiller ministériel. Un ancien ministre de Bercy va même plus loin, et estime "très improbable" une dégradation ce vendredi soir. Reste que l'instabilité politique peut convaincre Fitch d'abaisser la note française, ce qui serait forcément un mauvais signal pour Sébastien Lecornu, à peine arrivé à Matignon.