Prix dans les supermarchés: pour Michel Biero, directeur de Lidl, "il faut faire sauter la loi LME"
Pour Michel Biero, directeur de l’achat et du marketing chez Lidl France, l’avis est tranché. "Il y a trop peu de transparence en France", notamment sur la question des tarifs pratiqués par les industriels auprès des commerçants. S’il admet qu’il y a “probablement certains industriels qui profitent de la situation”, abondant dans le sens des propos de Michel-Édouard Leclerc, Michel Biero estime qu’il faut aussi cibler la Loi de modernisation sur l’économie (LME).
“Il y a une loi en France, la Loi de modernisation de l’économie, qui a mis en place une espèce d’opacité entre les acteurs et donc une défiance entre ceux-ci. (...) Ça date depuis des années. Il y a une défiance permanente, un jeu de dupes permanent, et donc il n’y a plus de partenariat. Donc c’est: 'Moi j’augmente le prix, mais je ne te dis pas pourquoi'”, détaille Michel Biero.
Même s’il “préfère voir le verre à moitié plein plutôt qu'à moitié vide, car il y a des multinationales dans ce pays qui viennent me voir et qui me disent Monsieur Biero, j’ai 8% de hausse à passer, mais voilà pourquoi", le directeur de Lidl France ne comprend pas l’un des principes fondamental de cette Loi de modernisation de l’économie.
"La loi LME dit: il faut partir d’un tarif général du fournisseur, qui sort du chapeau de perlinpinpin, et on va négocier. Nous, commerçants, nous devons vendre des services à l’industriel qui fait baisser ce tarif en nous les rémunérant. On marche sur la tête. Et donc on arrive à un prix qui ne prend absolument pas en compte le coût de production de l’éleveur, le coût de transformation, etc… Il faut la faire sauter d’urgence, au minimum la dépoussiérer fortement" dénonce Michel Biero.
"Il faut accepter que l’alimentation a un prix"
Au-delà de cette opacité évoquée par le numéro un de Lidl France, Michel Biero dénonce aussi les incohérences entre la loi LME et la loi Egalim, instaurée en 2018, censée aller dans le sens d’une amélioration du revenu des agriculteurs qui revendent leur production aux grands industriels.
Pour cela, la loi Egalim est censée inverser la construction du prix, en laissant le producteur définir le contrat et le prix associé seront proposés par les agriculteurs, en prenant en compte les coûts de production.
“La loi Egalim, très bien, sauf qu’en face vous avez la loi LME, qui est toute puissante dans ce pays. Donc vous pouvez faire 35 lois Egalim, tant que vous ne toucherez pas à la loi LME ça ne changera rien”.
“Il faut accepter que l’alimentation a un prix. Il y a un éleveur derrière. Quand je demande de dégager la LME, c’est aussi pour cette raison là. Un acheteur (...), qui est dans une centrale internationale de négociations de services… il s’en fout de l’éleveur en France! Donc il faut que Egalim fonctionne à 100%” s’est offusqué Michel Biero.