Recensement: le maire de Versailles dénonce "un décalage étonnant" entre les chiffres et la réalité

La campagne 2017 du recensement débute ce jeudi 19 janvier (photo d'archives). - Joel Saget - AFP
François de Mazières, député-maire (DVD) de Versailles (Yvelines):
"Avant il y avait un recensement général et maintenant, pour des raisons d'économies, l'État a décidé de faire un système d'échantillonnage et de statistiques par extrapolation. Chaque année, 8% de la population de Versailles fait l'objet d'une nouvelle enquête par l'Insee, et, à partir de là, sont appliqués des mesures et des coefficients qui permettent d'extrapoler la population (estimée par l'Insee à 87.550 habitants). Mais plusieurs communes se posent des questions et ont été intriguées par certains résultats, notamment celles qui bâtissent, ce qui est notre cas. Dans ma ville, nous avons construit depuis 2010 un nombre important de logements - 1.362 exactement. On voit qu'il y a une croissance significative des revenus des taxes d'habitation et pourtant on nous dit qu'il y a une baisse de notre population sur la même période !
"Il est évident que les anciennes méthodes sont potentiellement plus fiables"
Ce décalage est étonnant. Il y a des indices forts que les extrapolations réalisées à partir de ces enquêtes ponctuelles, parfois faites pendant les vacances, avec des formulaires complexes et des bugs lors de la validation sur Internet, ne correspondent pas à la réalité. Et les conséquences financières sont importantes puisque les dotations versées par l'État aux communes se font en fonction du nombre d'habitants. Par exemple, pour Versailles, un habitant supplémentaire, c'est 120 euros de plus versés par l'État chaque année. Donc, d'année en année, s'il y a un mauvais calcul, il y a des pertes et avec des conséquences sur l'investissement. Il est évident que les anciennes méthodes sont potentiellement plus fiables puisque tout le monde était prévenu, le nombre de demandes étaient plus limitées, les réponses plus simples. Est-ce qu'il ne faut pas revoir les méthodes d'enquête pour que les chiffres de la population soient fiables et posent moins d'interrogations?
"Nous avons besoin de cet argent"
Nous avons besoin de cet argent car nous subissons des pertes considérables de financement de l'Etat. Versailles, ne l'oublions pas, c'est 800 hectares occupés par le Château, qui ne rapporte rien en terme de fiscalité, idem pour les 400 hectares consacrés aux activités militaires. Donc, contrairement à l'image qu'on en a, Versailles est une ville qui ne bénéficie pas de recettes économiques très importantes. D'ailleurs, jusqu'en 2012, on considérait la commune, d'après les critères de versement des dotations, plutôt comme une ville pauvre tout simplement parce qu'elle n'avait pas d'activité économique.
Nous avons effectivement deux quartiers centraux où la population dispose de revenus supérieurs à la moyenne nationale, mais cela a une conséquence négative: les redistributions entre les communes se basant sur le potentiel fiscal par habitants, nous faisons à cause de ce critère l'objet de redistribution négative, que ce soit pour les redistributions de l'Etat et de la Région. Tout ça fait beaucoup, et en gros, depuis trois ans, la ville de Versailles a perdu l'équivalent de presque 15 millions d'euros de la part de l'État. Cette perte de 15 millions d'euros, c'est comme si nous avions augmenté la fiscalité locale de trente points, c'est énorme!"