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Assurance-chômage: le gouvernement reprend la main et devrait durcir les conditions

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Faute d'accord entre patronat et syndicats, l'exécutif reprend en main le dossier de l'assurance-chômage, qui doit réglé avant fin juin. Le gouvernement de Gabriel Attal n'a pas encore acté les nouvelles règles, mais une chose est sûre: elles seront durcies.

C'est donc officiel, le gouvernement reprend la main sur la question de l'assurance-chômage. C'est ce qu'a annoncé ce lundi le ministère du Travail. Une décision qui fait suite à l'échec des négociations entre les partenaires sociaux, qui duraient depuis plusieurs mois. La date limite pour mettre en œuvre une réforme étant le 30 juin, date au delà de laquelle les chômeurs ne seraient plus indemnisés car la convention actuellement en vigueur prend fin.

La future réforme rentrera donc en vigueur au 1er juillet prochain. Le Premier ministre compte durcir les règles en réfléchissant notamment à un durcissement des conditions d'affiliation, c'est-à-dire le temps pendant lequel il faut avoir travaillé pour bénéficier d'une allocation chômage. En mars, Gabriel Attal évoquait aussi une durée d'indemnisation raccourcie. Elle est de 18 mois aujourd'hui et pourrait être réduite, mais pas en-dessous de 12 mois.

Aucune piste n'est pour l'heure privilégiée, assure Matignon, mais l'objectif est clair: durcir les règles d'obtention des indemnités pour inciter à la reprise d'activité.

A vous de nous dire : Assurance-chômage, craignez-vous la nouvelle réforme ? - 23/04
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Les syndicats jugent le gouvernement stigmatisant

Les syndicats, qui avaient farouchement combattu les réformes controversées de 2019 et de 2023, avaient appelé par avance mi-mars le gouvernement à renoncer à une nouvelle réforme, estimant qu'il fallait "cesser la stigmatisation populiste des chômeurs".

"Ce gouvernement raconte une fable sur les chômeurs", regrette Dominique Corona, secrétaire adjoint du syndicat UNSA.

"Il y a 6 millions de demandeurs d'emploi. 2.6 millions sont indemnisés pour une indemnité de 1.033 euros en moyenne. Croyez-vous franchement qu'à cette rémunération, on n'ait pas envie de trouver du travail en France ?", poursuit-il.

Dans Apolline Matin, Michel Beaugas, secrétaire confédéral de Force ouvrière, dénonce quant à lui un "coup de force", estimant que l'échec des négociations est un "prétexte du gouvernement" pour réformer et durcir les règles.

Le parti-pris : Assurance-chômage, de nouvelles règles au 1er juillet - 23/04
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Réponse début juin

D'autant que l'efficacité d'une telle mesure n'est pas encore complètement démontrée, estime Clément Carbonnier, professeur d'économies à l'Université Paris 8. Ce dernier assure que les emplois retrouvés sont fréquemment des emplois précaires en CDD ou à temps partiel. Et qu'ainsi, à long terme, le problème du chômage ne se résout pas.

Dans sa dernière note, le mois dernier, l'INSEE tablait sur un taux de chômage à 7,6%, au 1er trimestre 2024, son plus haut niveau depuis trois ans.

Seule limite que doit respecter le gouvernement pour la nouvelle convention: que les chômeurs restent mieux protégés quand la situation économique est mauvaise, et inversement quand elle est bonne. Le contenu précis de ce nouveau décret sera connu début juin.

Alfred Aurenche et Cyprien Pézeril (édité par J.A.)