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#Balancetonporc - "Il m'a dit: 'toi aussi tu devras écarter les jambes pour toucher ton salaire'"

RMC a recueilli le témoignage de Camille, 23 ans, victime de harcèlement sexuel lorsqu'elle était stagiaire dans une banque. Elle a dénoncé ces faits sur Twitter avec le #Balancetonporc.

La parole se libère. Avec le #Balancetonporc sur Twitter, qui a suivi les révélations de l'affaire Weinstein, de nombreuses femmes dénoncent des situations de harcèlement sexuel qu'elles subissent sur leur lieu de travail. Cet appel a été lancé par Sandra Muller une journaliste de la Lettre de l'Audiovisuel qui a rapporté vendredi sur le réseau social les propos d'un ancien supérieur hiérarchique: "Tu as des gros seins. Tu es mon type de femme. Je vais te faire jouir toute la nuit". En citant son nom.

Des milliers de femmes ont depuis utilisé le #Balancetonporc sur le réseau social pour dénoncer le harcèlement sexuel qu'elles subissent sur leur lieu de travail. Dans la grande majorité, elles dénoncent des agresseurs anonymes: des supérieurs hiérarchiques, des responsables de stage, des professeurs ou des hommes croisés dans la rue ou dans les transports.

"Est-ce que t'as déjà vu le loup? T'as couché avec combien de mecs?"

Camille, jeune femme de 23 ans qu'a rencontrée RMC, fait partie de toutes celles qui ont dénoncé cette situation. C'est lors d'un stage dans une banque, à l'été 2014, que Camille, alors âgée de 19 ans, a été victime de harcèlement sexuel de la part d'un de ses collègues, Alain, âgé d'une cinquantaine d'années. Cet homme lui a tenu notamment des propos déplacés. "C'était: 'est-ce que t'as déjà vu le loup? T'as couché avec combien de mecs?'… Des trucs dans le genre", raconte-t-elle. "Pour essayer de m'intégrer un peu, je me forçais à rire", regrette la jeune femme.

Quelques jours plus tard, Camille voit son collègue hilare feuilleter un calendrier pornographique. Sur l'image, une femme nue, les jambes écartées. "Alain a mis le calendrier sous mon nez. Il m'a forcée à regarder. Il m'a dit: 'tu vois, Camille pour toucher ton salaire à la fin du mois tu vas devoir faire la même chose'".

"Une société était colonisée par le discours des agresseurs"

Profondément choquée, la jeune femme ne prévient pas sa hiérarchie. Si elle a décidé de parler 3 ans après, c'est grâce aux témoignages publiés sur Twitter par d'autres victimes. Un phénomène positif, selon Muriel Salmona présidente de l'association Mémoire traumatique. "C'est un changement dans le regard, dans une société qui était colonisée par le discours des agresseurs. S'il y a une reconnaissance et une diminution du seuil de tolérance par rapport à ces violences, c'est génial!". Car 95 % des femmes qui dénoncent un harcèlement sexuel en entreprise perdraient leur emploi, selon l'Association européenne contre les violences faites aux femmes au travail.

P. G. avec Cécile Costes