C'est quoi le salaire décent envisagé par le nouveau ministre Antoine Armand?

Une promesse ambitieuse. Dimanche, depuis Bercy, à l'occasion de la passation de pouvoir entre Bruno Le Maire et Antoine Armand, le nouveau ministre de l'Économie, des Finances et de l'Industrie a assuré vouloir "faire en sorte que tous les Français qui travaillent aient un salaire décent".
"Jamais aucune loi, jamais aucun décret n'a payé un salaire. Jamais aucune norme n'a créé une entreprise ou un emploi. La richesse de notre pays, ce sont les femmes et les hommes qui la créent. Notre travail, c'est de faciliter la tâche de ceux qui travaillent, de faire en sorte que tous les Français qui travaillent aient un salaire décent", a lancé le député Renaissance de Haute-Savoie de 33 ans.
Des disparités régionales
Le "salaire décent", c'est un concept mis en place par le groupe Michelin, avec une ONG spécialisée dans l'étude des salaires. Pour l'entreprise de pneumatique, un salaire décent, c'est un revenu mensuel qui permet de faire vivre une famille de quatre personnes, couvrir les besoins du quotidien (alimentation, transport, logement, santé) mais aussi de constituer une petite épargne de précaution.
Le PDG de Michelin Florian Menegaux ajoute que le salaire "ne comprend que les éléments fixes de rémunérations, sans primes variables et avantages sociaux".
Ce "salaire décent", qui varie selon les régions, équivaut à deux fois le Smic (environ 3.532 euros bruts mensuels) à Paris, tandis qu'à Clermont-Ferrand, siège de Michelin, il s'établit à 20% au-dessus du salaire minimum (environ 2.119 euros bruts mensuels).
C'est autour de cette question qu'une rencontre a eu lieu entre la direction de Michelin et le nouveau ministre de l'Economie et des Finances, Antoine Armand.
"C'est le minimun syndical"
"Ce qu'a fait Michelin, c'est une vraie mesure sociale et ils l'appliquent dans tous les pays du monde", salue ce mardi sur le plateau des Grandes Gueules le cheminot et syndicaliste Bruno Poncet. "Toutes les boîtes pourraient le faire", ajoute-t-il, estimant qu'un gouvernement ne peut pas l'imposer à toutes les entreprises.
L'avocat Charles Consigny ne se dit "pas fan de cette formule très française". "C'est le minimun syndical. L'ambition devrait être de payer de bons salaires aux gens. Pourquoi serait-on toujours sur la ligne de flottaison basse du niveau de vie? Je ne pense pas que les hauts fonctionnaires demandent un salaire décent. Ils demandent des bons salaires et ont raison", estime-t-il sur RMC et RMC Story.
En attendant un "salaire décent" pour tous, le nouveau ministre de l'Economie et des Finances a estimé que la France avait "un des pires déficits de son histoire".