Congés reportés en cas d'arrêt-maladie en vacances: "Une aberration à combattre", selon Flora Ghebali

Progrès social ou nouvelle méthode pour creuser la dette? Pour se conformer au droit européen, la Cour de cassation offre des vacances en plus aux Français. Mais seulement s'ils tombent malades pendant leurs congés. Ainsi, un salarié qui tomberait malade pendant ses vacances, aurait le droit de voir son congé payé reporté selon la plus haute juridiction française.
"L'objectif du congé payé est de permettre aux salariés non seulement de se reposer, mais aussi de profiter d'une période de détente et de loisirs", explique la Cour de cassation. L'arrêt maladie lui, permet "aux salariés de se rétablir d'un problème de santé". "Ces deux droits n'ont donc pas la même finalité", conclut donc l'arrêt de la Cour de cassation.
"Congé-maladie"
Une aberration pour les Grandes Gueules: "C'est scandaleux, on croirait que c'est un gag", s'étrangle presque l'ancien entrepreneur Emmanuel de Villiers. "On génère déjà des congés dans le cadre d'un arrêt de travail et la Cour de cassation va encore plus loin, comment voulez-vous qu'on s'en sorte avec toutes les charges qui pèsent sur les commerçants et les artisans? C'est de la folie, on devrait virer les magistrats de la Cour de cassation", poursuit-il.
Même son de cloche pour le chef d'entreprise Mourad Boudjellal: "C'est déjà le cas, un salarié qui tombe malade pendant ses vacances, ça l'énerve alors il prolonge avec ce que j'appelle un 'congé-maladie'", lance-t-il sur RMC et RMC Story.
"Une fois de plus, on fait tout reposer sur les entreprises parce qu'on le sait, tous les entrepreneurs sont des salauds qui se reposent sur les salariés", ironise-t-il.
"Aberration administrative"
Et c'est assez rare pour le souligner, tout le plateau est d'accord. Même Flora Ghebali, auto-entrepreneure militante, trouve cette décision aberrante: "C'est de l'aberration administrative. Une cour juge en droit, sans prendre en compte une réalité économique. On n'a pas les moyens. Il y a des aberrations normatives qu'il faut combattre, et celle-ci en fait partie. L'arrêt-maladie est assez souple en France pour qu'on n'ait pas besoin de rajouter des protections".
Audrey, militaire à Toulon, a vécu une telle situation: "Pendant mes 4 semaines de permission l'été, j'ai eu un accident de cheval. J'ai été opérée, je ne pouvais plus m'asseoir, plus rester debout, je n'étais pas en mesure de travailler ni de quoi que ce soit. Mais au lieu de vouloir embêter les gens malades, il faut contrôler les réfractaires", estime-t-elle.
Pour Flora Ghebali, c'est toute la complexité de légiférer pour un monde du travail protéiforme "Vouloir un modèle social dans une société où il y a des métiers aussi divers, c’est une aberration. On est 80% à trouver le système inadapté", conclut-elle.