Darmanin et Attal ravivent le débat des 35 heures: "Ils n'étaient pas au pouvoir pendant sept ans?"

"Mettre fin définitivement aux 35 heures". Gérald Darmanin, poil à gratter du gouvernement de Michel Barnier? L'ancien ministre de l'Intérieur multiplie les coups de pression à l'endroit de la nouvelle équipe exécutive.
Après le projet de budget qu'il juge "inacceptable", le député de Tourcoing n'a pas hésité à donner dans le quotidien économique Les Echos des pistes d'économies qui suscitent le débat, comme "la suppression d'un deuxième jour férié dans le public comme dans le privé", et le passage "à 36 ou 37 heures" de travail hebdomadaires dans le secteur public.
"Un choc fiscal ne fait pas une politique économique. Et cette voie risque de tuer la croissance et de créer du chômage de masse", a alerté l'ancien ministre des Comptes publics.
"La question des 35 heures est complexe, le véritable sujet est le coût (du travail) au-delà des 35 heures", précise sur RMC ce lundi 7 octobre Jean-Eudes du Mesnil, secrétaire général de la confédération des petites et moyennes entreprises (CPME).
"Techniquement, on peut travailler plus, mais aujourd'hui ça coûte plus cher à l'employeur", regrette-t-il.
Retour du "travailler plus pour gagner plus"?
Jean-Eudes du Mesnil aimerait ainsi savoir si Gérald Darmanin connaît le prix pour le salarié, et pour l'employeur, de cette mesure, et surtout ce qu'on ferait des RTT. Il réclame plutôt un mesure qui selon lui a fonctionné par le passé: la défiscalisation des heures supplémentaires. "Cela avait un intérêt pour le salarié et pour l'entreprise, le fameux travailler plus pour gagner plus", salue-t-il.
Le secrétaire général de la CPME s'accorde en revanche avec Gérald Darmanin sur le constat que l'on ne travaillerait pas assez par rapport à nos voisins européens notamment.
L'ancien Premier ministre Gabriel Attal se montre également très sceptique des premières annonces du gouvernement Barnier. "Il y a aujourd'hui un risque qu'on identifie, qui est de charger trop la barque sur les impôts et à la place de cela, on va proposer plutôt des réformes et la valorisation du travail", a plaidé l'ancien Premier ministre sur TF1 dimanche soir, assurant toutefois vouloir "aider" Michel Barnier à "réduire les déficits".
"Attal, c'est lui qui a expérimenté la semaine de quatre jours dans l'administration"
Moins radical que Gérald Darmanin sur la question des 35 heures, Gabriel Attal a lui appelé à faire en sorte que les fonctionnaires soient "vraiment aux 35 heures" et pas en dessous.
"On sait qu'aujourd'hui (...) tout le monde ne fait pas les 35 heures. Ça rapporterait un milliard d'euros de mettre tout le monde aux 35 heures. Ça permettrait d'éviter une partie des efforts qui sont demandés, par exemple, à nos retraités", a expliqué l'ex-Premier ministre.
Des remarques des anciens ministres qui font grincer des dents dans Les Grandes Gueules sur RMC. "C'est incroyable comme ils sont pleins d'idées ! Ils n'étaient pas au pouvoir pendant sept ans?", tacle la chroniqueuse Joëlle Dago-Serry.
"Attal, c'est lui qui a expérimenté la semaine de quatre jours dans l'administration. Et il vient maintenant nous expliquer qu'il serait temps que -quelle ambition- les fonctionnaires fassent leurs 35 heures...", ironise de son côté l'avocat Charles Consigny, qui reste d'accord sur le constat et réclame qu'on se "retrousse les manches".