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"Des entreprises surfacturent": ces particuliers dégoûtés par MaPrimeRenov’, malgré son retour

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MaPrimeRenov' fait son retour après 3 mois de suspension notamment pour lutter contre les fraudes. Mais certains particuliers alertent sur les pratiques de certains artisans labélisés RGE et autorisés à effectuer les rénovations énergétiques du dispositif.

MaPrimeRenov' fait son retour. Après trois mois de pause face à l'afflux de dossiers, le guichet lève de nouveau le rideau. Une pause également salutaire pour lutter contre les fraudes. Les ministères de l'Aménagement du territoire et de la Transition écologique en ont profité pour examiner 25.000 dossiers cet été, soit 935 millions d'euros de subventions potentielles.

Et au total, 36 millions d'euros de fraudes ont été évitées. Plus globalement c'est toute l'industrie de la rénovation qui est visée par les fraudeurs. La répression des fraudes a contrôlé sur la base de signalements près de 1.000 professionnels du secteur l'année dernière.

Résultat: 34% de ces établissements ont présenté des manquements graves. 140 procès-verbaux ont été transmis à la Justice pour des pratiques commerciales trompeuses et du démarchage agressif. Les fraudeurs risquent jusqu'à 2 ans d’emprisonnement et 300.000€ d’amende.

"On récupère les aides de l'Etat facilement"

Cinquante professionnels ont également reçu une amende administrative. C'est le cas d'une entreprise d'Île-de-France qui a été sanctionnée d' 1,5 million d’euros, notamment pour non-respect de l’interdiction de démarchage téléphonique.

Ces fraudes, Nando qui vit dans le Val-de-Marne, les a vécues: "Il faut bien comparer, parfois en passant par un artisan, ça revient moins cher qu'en passant par un professionnel RGE (reconnu garant de l'environnement)", assure-t-il à RMC Story. "On récupère les aides de l'Etat facilement, ils surfacturent, ils utilisent des produits bien spéciaux alors qu'on peut les remplacer par d'autres, bien moins chers", poursuit Nando qui évoque "un écart de 20.000 euros".

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"On impose des entreprises RGE qui ne travaillent pas mieux que nous et ne respectent même pas ce qui est demandé", dénonce Stéphane, artisan dans le BTP à Bordeaux. "On est obligé de passer derrière pour rajouter de la laine de verre parce que l'isolation n'est pas faite correctement, il n'y a pas de contrôles", ajoute-t-il.

"Depuis fin février, on attend 3.500 euros"

"Il y a une vérification de la qualité des travaux par un accompagnateur Renov', payé en partie par MaPrimeRénov' et par le particulier", défend Audrey Zermati, directrice stratégique chez Effy, spécialiste de la rénovation énergétique. "Il peut y avoir des problèmes de qualité", concède-t-elle, conseillant dans ces cas de se retourner vers l'agence nationale de l'habitat pour poursuivre les artisans qui auraient mal fait le travail.

Stéphane dénonce aussi un certain immobilisme dans les dossiers: "Mon fils a fait une demande il y a un an, il n’a toujours pas reçu les fonds alors que tout a été accepté. On lui a demandé 3 fois un RIB", se désespère-t-il.

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Mickaël, technicien, a lui aussi fait une demande de remboursement par MaPrimeRenov': "On a dû changer notre chauffage, on a fait les démarches avec une entreprise compétente qui nous a bien aidé. Mais ça a été compliqué quand même: j’ai fait le dossier à mon nom mais il a fallu changer, je ne sais pas pourquoi, et le faire au nom de ma femme. Et depuis fin février, on attend 3.500 euros alors que les travaux nous ont déjà coûté 23.000 euros", assure-t-il.

"Il y a des délais", reconnaît la aussi Audrey Zermati. "Sur la validation de l'aide qui prend 3 à 4 mois. Et ces délais ont été allongés du fait des logiques de fraudes", ajoute-t-elle.

Si vous avez un projet de rénovation, la répression des fraudes vous invite à vous renseigner auprès d’un conseiller France Renov’, à comparer plusieurs devis et à vous méfier des simulateurs d’aide en ligne et des démarcheurs qui prétendent agir pour le compte d’organismes publics ou de fournisseurs d’énergie.

Célestin Bougère avec Guillaume Dussourt