Doit-on publier les plus gros écarts de salaire en entreprise?
Faut-il obliger les entreprises à rendre public l’écart entre les salaires ? C’est l’objet d’un amendement signé par une cinquantaine de députés. Il sera examiné ce mercredi à l’Assemblée nationale dans le cadre de la loi PACTE.
Concrètement, si l’amendement est adopté, les entreprises de plus de 1.000 salariés en France devront publier les écarts de rémunérations dans leurs résultats annuels.
Tout resterait anonyme
Qu’on soit clair, il ne s’agit pas de publier l’ensemble des fiches de paie. Vous n’aurez pas moyen de savoir combien gagne votre voisin de bureau. Tout resterait anonyme. L’idée, c’est de publier la différence entre le salaire le plus bas et le salaire le plus élevé, ainsi que le salaire moyen et le salaire médian.
Un amendement inspiré par l’ONG Oxfam, dont Manon Aubry est la porte-parole.
"L'enjeu n'est pas de créer un débat entre salariés, l'enjeu est de savoir comment le gâteau des rémunérations d'une entreprise est partagé. On est dans un contexte où les rémunérations des PDG explosent. Le PDG de Carrefour gagne 150 fois le SMIC. Il est temps d'avoir un débat plus complet sur les écarts de rémunération."
Oxfam précise aussi qu’entre 2009 et 2016, l’écart entre la rémunération moyenne des entreprises et celle des dirigeants du CAC 40 est passé de 96 à 119. Ça ne cesse d’augmenter.
"Attention à la vraie fausse bonne idée"
Certes, cette mesure de transparence aurait du bon selon Thibault Lanxade, PDG du groupe Jouve. Mais il émet quelques réserves.
"Attention à la vraie fausse bonne idée. Ca paraît très simple dans un amendement de mettre ces trois lignes, mais pour comparer les choses qui sont comparables ça paraît très compliqué. Il faut être précis, sinon on a tous les amalgames, la démagogie va ressortir. Les anti-entreprise se gausseront et on aura des difficultés à expliquer des écarts."
Bruno Le Maire s’est dit favorable à cette mesure, déjà appliquée Etats-Unis et au Royaume-Uni. Elle est d’ailleurs aussi testée dans quelques entreprises françaises. Salariés comme patrons sont ravis. Les uns parce qu’ils peuvent ainsi justifier leur demande d’augmentation. Les autres parce qu’un salarié payé au juste prix est un salarié qui reste et qui se montre investi.