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Echec de la motion de censure à gauche: "Il faut que les frondeurs en tirent les conséquences"

Pas de motion de censure à gauche

Pas de motion de censure à gauche - AFP

Les députés de gauche, opposés à la loi Travail, ont échoué, à deux voix près, à réunir les 58 signatures nécessaires pour le dépôt d'une motion de censure. Parmi eux, il y a 25 socialistes pour qui la question d'une question d'éventuelles sanctions se pose au sein du parti.

Il n'en a manqué que deux. La gauche n'a pas réussi à déposer sa motion de censure mercredi après-midi à deux voix près. Le texte a recueilli la signature de 28 députés PS ou apparentés, 10 écologistes, 13 élus du groupe GDR (qui réunit les 10 députés du Front de gauche et des ultra-marins), 1 radical de gauche et 4 députés non-inscrits. Soit 56 signataires pour un minimum de 58 requis pour que la motion de censure soit débattue ce jeudi. Dès lors et même s'ils n'ont pas réussi à rassembler les signatures nécessaires, la nécessité de sanctionner les députés socialistes prêts à signer cette motion de censure de la gauche fait débat au sein du PS.

Les principaux concernés n'ont pas de réelles inquiétudes. Ils estiment, comme l'indique le frondeur Laurent Baumel, que le parti a tout intérêt à les laisser tranquille: "Je ne pense pas que la direction du PS a véritablement intérêt à entrer dans une logique qui consiste à punir des gens parce qu'ils ont défendu des valeurs qui sont celles du parti et partagées par de très nombreuses personnes ayant voté François Hollande en 2012".

"Il faut qu'ils aient un peu d'honneur"

Dans le reste du groupe socialiste, certains se veulent indulgents, comme Christophe Caresche. "Les intentions sont des intentions, ça n'a pas beaucoup d'importance, estime-t-il. On ne peut pas sanctionner un acte qui n'a pas été véritablement commis puisque cette motion n'a pas été déposée". Et d'ajouter: "Je pense qu'il y a beaucoup de théâtre, de simulacres. Moi, je n'y ai jamais cru". En revanche, d'autres sont bien plus intransigeants. C'est le cas de Philippe Doucet. "On ne va pas passer notre vie à être pris en otages. C'est leur droit d'être en désaccord, il faut donc qu'ils en tirent les conséquences", s'agace-t-il.

"Il faut qu'ils aient un peu d'honneur, un peu de classe et, s'ils ne sentent plus bien dans la maison socialiste, qu'ils ne restent pas", avance-t-il encore. Hugues Fourage, porte-parole des députés socialistes à l’Assemblée nationale, va plus loin. Pour lui, cet épisode politique est la fronde de trop. Il marque une cassure pour le groupe PS et le parti, puisqu'il acte la séparation de deux gauches, frondeurs d'un côté et sociaux-démocrates de l'autre.

"On ne peut pas continuer comme ça"

"Je crois qu'il y a des choses qui se sont cassées, ne décolère-t-il pas. La messe est dite ! Elle est claire ! Je pense qu'il faut très clairement reposer la question de savoir si les frondeurs veulent appartenir à une majorité ou pas. Et s'ils ne veulent pas qu'ils le disent très clairement et qu'ils ne soient plus dans la majorité. Ce n'est plus possible ! Ce n'est pas logique ! On ne peut pas continuer comme ça. C'est impossible".

De son côté, Bruno Le Roux, chef de file des députés PS, veut surtout dédramatiser: "Les mots, les expressions ont un sens et donc vouloir sanctionner le gouvernement est une intention qui n'est pas banale. Cela doit nous amener à réfléchir mais ce n'est pas la priorité. Aujourd'hui, l'alpha et l'oméga de l'action de la majorité, ce ne sont pas les frondeurs". Le premier secrétaire du PS Jean-Christophe Cambadélis, quant à lui, doit s'exprimer sur la question ce jeudi. Mardi, en forme de mise en garde, il avait parlé d'"une ligne jaune à ne pas franchir". Le dossier est donc explosif.

Maxime Ricard avec Jean-Baptiste Durand