Faut-il supprimer un jour férié pour combler la dette? "Une nouvelle perte de pouvoir d'achat"

Faut-il supprimer un jour férié pour résorber la dette et éponger le déficit? Après le jour de Pentecôte, transformé en journée de solidarité pour les retraités, c'est ce qu'a évoqué dimanche soir le ministre de l'Economie Antoine Armand, alors que le déficit pourrait finalement atteindre 6,2% en 2024. Selon lui, cette proposition a "le mérite de créer de la richesse" pendant que les "dépenses sociales augmentent".
"C’est une proposition très intéressante que nous étudions", a-t-il déclaré, soulignant qu'elle avait "le mérite de créer de la richesse" alors que les "dépenses sociales" augmentent. "Oui il faudra travailler davantage, oui il faudra dépenser moins", a poursuivi le ministre sur LCI.
2,4 milliards d'euros à la clé?
L'objectif, comme pour la Pentecôte, faire travailler les salariés gratuitement, les employeurs reversant une contribution à la Sécurité sociale pour financer des actions en faveur de l’autonomie des personnes âgées ou en situation de handicap. Une nouvelle journée de ce genre permettrait selon plusieurs sénateurs de récupérer 2,4 milliards d'euros, alors que le gouvernement en cherche 60 pour éviter la faillite.
Encore faut-il que les premiers concernés, les salariés, soient d'accord. Et c'est là que le bât blesse. La mesure ne convainc pas du tout ce lundi sur RMC. A commencer par Stéphane, 40 ans, technicien de maintenance dans l'Isère: "On l'a déjà fait une fois avec le lundi de Pentecôte. Si je suis en déficit, je ne peux pas augmenter mon salaire, je dois réduire mes dépenses. Et là, c'est le même principe, on ne va pas augmenter les retraites", déplore-t-il dans Apolline Matin.
Ramzy, chauffeur-routier à Marseille, a une autre lecture: "Je pense que le peuple français y est opposé et est en grand manque de reconnaissance. Il y a quatre ans, Emmanuel Macron a pioché dans la caisse pendant le Covid-19 avec le 'quoi qu'il en coûte'. Et les jours fériés aujourd'hui, ce n'est plus pour respecter la mémoire de nos anciens mais pour cocher des jours pour partir en week-end", note-t-il.
"Ça fait perdre une journée de salaire"
"C'est scandaleux, ça fait perdre une journée de salaire", peste de son côté Denis Gravouil, responsable du dossier "emploi et chômage" à la CGT. "Ce serait une nouvelle perte de pouvoir d'achat qui n'est pas négligeable du tout. Ce serait encore faire payer aux salariés, le fait de travailler gratuitement, y compris les plus pauvres", ajoute le syndicaliste.
Initialement fixée le lundi de Pentecôte, la journée de solidarité actuelle peut désormais être effectuée n’importe quel jour non travaillé, comme un samedi ou un autre jour férié, et même étalée sur plusieurs jours.