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Grève dans les tribunaux: "On a tellement de dossiers en attente qu'on a plus de place pour les ranger!"

Neuf syndicats de la magistrature, des avocats et des personnels judiciaires appellent à une journée d’action dans toutes les cités judiciaires de France. Ils estiment que la justice française est  "en piteux état", "submergée" et lente. Reportage RMC à Rennes.

A Rennes, en Ille-et-Vilaine, la Cité Judiciaire n’échappe pas à la règle: depuis de nombreuses années, les problèmes s’accumulent. Comme les dossiers, qui font disparaître certains juristes derrière ses piles de chemises en cartons. 

Neuf syndicats de la magistrature, des avocats et des personnels judiciaires appellent à une journée d’action dans toutes les cités judiciaires de France. Avocats, magistrats, greffiers, tous appellent à manifester. Pour eux, la réforme de la justice engagée par Nicole Belloubet la ministre de la Justice ne tient pas compte de la réalité. Ils demandent aujourd’hui "une justice de qualité, accessible avec un budget, des équipements et des effectifs à la hauteur d'un État européen du XXIe siècle". Selon ces syndicats, la justice française est "en piteux état", "submergée" et lente. 

A Rennes, l’ensemble du personnel judiciaire a manifesté jeudi matin, devant le tribunal, où Eric, divorcé, se bat pour obtenir la garde de son fils et a dû attendre un an avant que l’affaire soit jugée: "Ce n'est pas normal que les délais soient si longs. Il y a quand même une angoisse, pendant un an, de savoir comment ça va se passer". 

"C'est plusieurs années pour obtenir un jugement"

Quelques bureaux plus loin, on ne distingue même plus la greffière Caroline Schmidt, sous des piles de dossiers:

"Il y en a sur le bureau, en dessous, derrière ma chaise, devant le bureau. Les dossiers sont tellement nombreux qu'on a plus de place pour les ranger et on les entassent tout autour de nous. C'est psychologiquement stressant, ce n'est pas satisfaisant. Ce n'est pas comme ça qu'on fait du bon travail"

Au TGI de Rennes, les effectifs n’ont pas été revus depuis neuf ans. Il manque actuellement 14 postes de greffiers ainsi que des magistrats. Une aberration pour Catherine Glon, avocate au barreau de Rennes:

"Le tribunal des affaires de sécurité sociale, par exemple, c'est plusieurs années pour obtenir un jugement. Le juge pour enfants gère plus de 600 dossiers, alors que le maximum c'est 350..."

Selon les syndicats, avec 64 euros par habitant et par an, le budget de la justice française est au 23ème rang sur 28 au sein de l'Union européenne.

Anaïs Denet et X.A