La France et l’Europe en panne de productivité: comment la relancer?

C’est sans doute la faiblesse la plus préoccupante de l’Europe en général, et de la France en particulier, face aux Etats-Unis et à la Chine: les gains de productivité.
Si on simplifie, la productivité, c’est l’efficacité. C’est la capacité à toujours mieux combiner le travail, les machines et les moyens financiers pour produire plus avec moins. Quand une usine produit deux fois plus de voitures grâce à de nouveaux robots, c’est un gain de productivité. Quand l’informatique permet à un banquier de traiter deux fois plus de dossiers de crédits dans une journée, c’est de la productivité. Si nous ne sommes plus des hommes des cavernes, si nous vivons mieux en travaillant moins, c’est grâce à la productivité.
Or, elle n’augmente quasiment plus: +0,7% l’an dernier, deux fois moins vite qu’avant le Covid, trois fois moins vite que dans les années 1990, sept fois moins vite que dans les années 1950. Le principal moteur du progrès est en panne en Europe.
Beaucoup de propositions mais un chantier titanesque
Si on ne peut pas produire plus efficacement, produire plus oblige forcément à travailler plus… Plus et mieux, sachant que les données publiées ce jeudi par Rexecode montrent que les Français travaillent trois semaines de moins que la moyenne des Européens. Donc on a de la marge.
C’est exactement ce que veut faire Renault, qui a signé un accord avec deux syndicats sur trois prévoyant la suppression de trois jours de congés annuels en moyenne pour les cadres et une restriction du recours au télétravail, jugé néfaste pour la productivité. En échange, la direction va améliorer la couverture santé des salariés et proposer des mesures de retraite progressive pour aménager les fins de carrière.
Est-il possible de relancer la productivité? Il y a beaucoup de propositions dans la batterie de rapports sortis pour relancer l’Europe (Draghi, Leta, Noyer): investir des centaines de milliards d’euros dans les nouvelles technologies, améliorer la formation des salariés, alléger la paperasserie, mettre fin à la fragmentation de tous les marchés européens, y compris les marchés financiers. Un chantier titanesque.