Loi Travail: "Je ne trouve pas normal que des gens aient peur de manifester"
Affrontements entre casseurs et policiers, vitrines saccagées, au moins 29 policiers et 11 manifestants blessés, 58 interpellations: la forte mobilisation contre la loi Travail, mardi à Paris, a été une nouvelle fois éclipsée par les violences. La manifestation, qui a rassemblé entre 75.000 et 80.000 personnes selon la préfecture de Paris, un million selon les organisateurs, a une nouvelle fois tourné à l'affrontement. Et au milieu des pierres arrachées des façades pour servir de projectile et du nuage de gaz lacrymogène, la vitrine de Georges, serrurier, a été totalement détruite.
"Il faut changer les carreaux, il faut tout refaire, déplore-t-il. C'est scandaleux!" Les dégâts sont considérables. Même l'hôpital Necker a été pris pour cible. Emilie accuse la police de laisser faire les casseurs. "C'est n'importe quoi. Il les laisse passer. J'ai vu une fille qui pleurait de peur, elle était accroupie par terre, s'emporte-t-elle. Je ne trouve pas ça normal que des gens aient peur de manifester. Ils ont peur de se faire tuer. Moi aussi j'ai peur. J'ai peur de perdre mes yeux, d'être intoxiquée par les gaz. Mais je viens quand même pour la lutte".
"Le mouvement ne s'est pas essoufflé"
En revanche, dans le cortège, la plupart des manifestants sont dégoutés. Nathalie, par exemple, en veut beaucoup aux casseurs: "On donne une image déplorable de la France. Mais en réalité telle qu'elle est: mal barrée, mal foutue, mal gouvernée,… Mal tout". Samuel, militant CGT, est venu du Havre pour manifester. Il se dit "outré" par tant de violences: "La CGT ce n'est pas ça. On est venu pour manifester pacifiquement et les casseurs ne sont pas des gens de la CGT".
Au-delà des violences, Juliette militante FO venue de Dordogne, estime que "le mouvement ne s'est pas essoufflé". Selon elle, "cette manifestation est une victoire parce que les gens sont toujours déterminés. Ils veulent encore se battre parce qu'ils savent qu'on a raison. J'espère que le gouvernement va reculer parce qu'on en a vraiment ras le bol de ce gouvernement ! S'il faut recommencer demain, on recommencera demain." Car quoi qu'il en soit, tous tiennent le même discours: malgré les violences, ils continueront à manifester tant que la loi Travail n'aura pas été retirée.