Mécontentements, grèves: une "convergence des luttes" est-elle possible?
"Convergence des luttes!" C'est le slogan que s'apprêtent à scander jeudi cheminots, fonctionnaires ou encore salariés de l'énergie, à l'appel de la CGT et de Solidaires, dans une première tentative de construire un front commun contre Emmanuel Macron. Mais le syndicat y arrivera-t-il?
En tout cas, si les mécontentements semblent s'additionner, Emmanuel Macron en a eu un aperçu jeudi, tout au long de son déplacement dans les Vosges. Le Président a été pris à partie par des cheminots, des retraités, des opposants aux routes à 80 km/h ...
Des catégories très différentes, mais une même colère qui monte, selon Frank Gaulin, de la CGT Carrefour:
"Toutes les raisons de la lutte sont imbriquées. On est tous à perdre des statuts, comme les cheminots, des milliers de salariés de Carrefour vont perdre leur statut et probablement leur emploi. On est tous là à se battre dans notre coin, souvent pour les mêmes raisons: la recherche du profit immédiat, le court-termisme de nos dirigeants, alors que nous, on est là pour préserver nos outils de travail, on se bat pour nos emplois, avoir de l'investissement plutôt que des fermetures. On espère converger rapidement vers tous les salariés en lutte aujourd'hui dans le pays".
"On ne sent pas une effervescence dans la sphère politique et sociale"
Le problème pour la CGT, c'est qu'elle semble bien isolée. Philippe Martinez, son numéro 1, a décidé seul de la date de cette journée d'action. Les autres syndicats ne l'ont pas suivi, à l'exception de Solidaires. Or, sans unité syndicale, difficile d'imaginer une grève générale comme en mai 68, d'autant que les syndicats pèsent moins que dans le passé, rappelle Sylvain Boulouque, historien spécialiste de l'extrême gauche.
"Aujourd'hui, on sent des bruissellements mais on ne sent pas une effervescence dans la sphère politique et sociale. On a une décrue du mouvement syndicale, c'est à dire que lorsqu'on parle de 1936, on avait des millions de syndiqués, 1968, pareil. On a un indicateur majeur depuis cinquante ans qui est le mouvement étudiant. Celui-ci a dû mal à décoller réellement par rapport à d'autres périodes de l'Histoire de France".
80.000 manifestants en novembre
Reste un élément qui pourrait changer la donne: l'arrivée d'un nouveau chef à la tête de Force ouvrière, le troisième syndicat de France. Pascal Pavageau est favorable à cette fameuse "convergence des luttes", même si lui préfère parler d"'unité d'action".
Les initiateurs de cette journée d'actions nationale interprofessionnelle prévoient 133 mobilisations dans toute la France, auxquelles pourraient venir se joindre des étudiants. La dernière mobilisation interprofessionnelle remonte au 16 novembre. Point final d'un mouvement infructueux contre la réforme par ordonnances du code du travail, elle avait attiré 80.000 manifestants dans les rues de France, selon la police.