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Mois sans pêche: "colère" des pêcheurs, victoire pour les associations après l'avis du Conseil d'État

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Le Conseil d'État se range du côté des associations de défense de la nature. L'avis rendu par l'administration estime qu'il faut supprimer toutes les dérogations ajoutées au "mois sans pêche" mis en place par le gouvernement. Une décision qui suscite la colère des pêcheurs.

"On est un peu désemparés, un peu en colère et il y a un peu de résignation aussi". Olivier Argelas est pêcheur au Cap Ferret. La décision du Conseil d'État de durcir le "mois sans pêche" dans le Golfe de Gascogne, qui s'étend, à l'ouest de la France, de la côté nord de l'Espagne jusqu'à la Bretagne, passe mal.

Des dérogations trop nombreuses

Avec cette décision, 500 navires français ne pourront pas pêcher dans cette zone, du 20 janvier au 22 février. Cette mesure avait été mise en place par le gouvernement pour réduire le nombre de décès des dauphins pris accidentellement dans les filets de pêche. Mais de nombreuses dérogations avaient été ajoutées.

Certaines excluaient les bateaux de moins de 8 mètres, ceux équipés de caméras ou de dispositifs de dissuasion sonore. Il y avait également des assouplissements pour certains filets de pêche. Elles étaient alors trop nombreuses selon les associations de défense de la nature, qui ont saisi le Conseil d'État. L'administration a rendu son avis, et estime qu'il faut toutes les supprimer.

"On essaye de trouver des solutions pour éviter les interactions"

Le comité national des pêches répond que cette décision menace les finances de nombreux bateaux. Le gouvernement promet d'indemniser à 100% les pêcheurs concernés. Mais pour eux, ce n'est pas suffisant. Olivier Argelas a peur qu'il soit indemnisé seulement sur la période concernée par le mois sans pêche.

"S'il y a du mauvais temps avant, et du mauvais temps après, on est mort littéralement parce qu'on n'aura pas pu travailler pendant trois mois, sachant que là on sort d'une période de deux mois et demi où on n'a pas pu travailler".

Les pêcheurs français sont en colère. Ils avaient pourtant de l'espoir. "Ça fait maintenant deux ou trois ans que l'on est impacté par cette problématique et qu'on travaille assez sérieusement pour essayer de trouver des solutions pour éviter les interactions avec les dauphins, ou pour le moins les amoindrir. Donc ça nous met d'autant plus en colère", explique Olivier Argelas, dont le bateau, qui fait plus de 8 mètres, est concerné par la mesure.

La survie des dauphins menacée dans la zone

Pour les associations de défense de la nature, c'est plutôt une victoire. Antoine Gatet, président de France Nature Environnement, considère que cette interdiction était nécessaire: "La survie de la population dans cette zone-là était vraiment menacée. On est dans une situation qui ne peut plus durer".

"On estime qu'entre 5.000 et 10.000 dauphins sont tués chaque année sur les mois d'hiver", ajoute Antoine Gatet.

Les associations de défense de la nature estiment qu'il faudrait même élargir cette interdiction à trois mois en hiver et un mois en été.

Tanguy Roman-Clavelloux