"On travaille pour quoi? Payer le loyer et les factures": les Français au Smic attendent des mesures concrètes

Dans son discours de politique générale, à l'Assemblée nationale ce mardi, le Premier ministre a accordé une place importante à la thématique du travail, avec la volonté de "déverrouiller", "désmicardiser" et "débureaucratiser". Selon Gabriel Attal, il y a trop de personnes qui travaillent au Smic toute leur carrière.
En 2023, la part des travailleurs payés au salaire minimum était de 17.3%, en grande majorité des femmes. Et pour certaines, elles y sont depuis des années. C'était le cas de Myriam, coiffeuse depuis 20 ans. Elle n'a jamais été augmentée.
"Quand le Smic augmente, on est augmenté un peu, au niveau du Smic mais pas plus", explique-t-elle. Elle a pourtant tenté plusieurs fois de renégocier son salaire, mais en vain. "Ce n'est pas normal pour moi. Je pense qu'avec mes années d'expérience, je devais avoir un salaire plus élevé", raconte la coiffeuse, qui a décidé d'arrêter la coiffure, à 40 ans.
"Je me vois pas à 50 ans, 60 ans, derrière un fauteuil à toucher un peu plus que le Smic. On travaille pour quoi? Pour payer le loyer, les factures et puis voilà", se désole Myriam.
"Les employeurs ont tout intérêt à ne pas forcément augmenter totalement les gens"
En trois ans, le nombre de travailleurs payés au Smic n'a cessé d'augmenter. Certains restent parfois toute leur vie au salaire minimum et ce n'est pas près de s'arranger selon Dominique Corona, secrétaire général adjoint de l'UNSA: "La politique a mis en place le zéro cotisations sociales pour les bas salaires. Donc du coup, les employeurs ont tout intérêt à ne pas forcément augmenter totalement les gens".
"Moi, j'aurais aimé que le Premier ministre dise 'si effectivement il n'y a pas d'augmentation des salariés pendant deux ans qui restent au niveau du Smic, alors on va annuler les exonérations de cotisations sociales'", argumente Dominique Corona.
Des mesures encore floues
Le Premier ministre veut notamment continuer à mettre la pression sur les branches dont les salaires de début de carrière commencent en dessous du Smic. Mais Gabriel Attal ne dit pas comment il compte y parvenir. Autre diagnostic sans prescription: les aides et les exonérations sont trop concentrées sur le Smic selon lui.
En revanche, il a annoncé une mesure concrète: la suppression de l'allocation spécifique de solidarité, versée à plus de 300.000 chômeurs en fin de droits, essentiellement des seniors. Ils seront reversés vers le RSA, toujours dans l'idée d'inciter à la reprise à l'emploi tout en faisant des économies.