Patrick Kanner craint "une démarche de grande colère" en France en cas de 49-3 sur les retraites

Une réforme votée au Sénat mais pas de déception pour le patron des sénateurs socialistes. Invité de la Matinale Week-End de RMC, Patrick Kanner a avoué que lui et ses troupes savaient "quel serait le résultat"étant donné qu'au Sénat "la gauche représente à peine un tiers des sièges". Mais "on a résisté" se félicite-t-il. "La gauche a été très unie. Quand on vous bâillonne, que le gouvernement utilise le vote bloqué, nous on essaye d'exister. On n'allait pas plier le genou devant la droite sénatoriale."
L'ancien ministre des Sports dénonce toujours une réforme "injuste et inutile" et pointe des déperditions de voix au sein de ce qu'il appelle "la droite sénatoriale" (LR) et "la droite élyséenne" (Renaissance):
"195 voix pour la réforme, ça veut dire qu'il manque 50 voix à la droite sénatoriale qui se sont soit abstenus, soit ont voté contre. Ce n'est pas un résultat brillant pour M. Retailleau et M. Marseille", note Patrick Kanner.
"J'ai peur de l'extrême-droite"
Des disparités à telle point de ne pas avoir que le gouvernement pourrait ne pas avoir de majorité pour voter la réforme? Le patron des sénateurs socialistes pense qu'Elisabeth Borne ne devrait pas être si sûre d'avoir une majorité parlementaire pour voter la réforme. "Madame Borne utilise la méthode Coué. Monsieur Retailleau qui est désormais l'allié le plus direct de la droite élyséenne - les masques sont tombés - , disait "à l'Assemblée, ce sera la roulette russe ou la Grosse Bertha."
La Grosse Bertha, c'est un 49-3 que craint Patrick Kanner pour ses effets sur l'opinion. Il estime que cette démarche sur ce texte est "n'est pas illégale mais représente un problème politique ": "Si le 49-3 est utilisé, après le 44-3, le vote bloqué au Sénat, ça pose un problème de légitimité. 70 % des Français et 90% des actifs sont contre cette réforme, c'est problématique. On ne peut avoir raison tout le temps, tout seul", explique-t-il.
"La France pourrait entrer dans une démarche de grande colère et c'est dangereux sur le plan démocratique: quand vous continuez à désespérer tous les Français avec une réforme qui fait peser tout l'effort sur les mêmes.
A l'instar de l'intersyndicale, Patrick Kanner demande au président de la République de "consulter les Français":
"Nous disons au président 'Ne passez pas en force'. La confusion est source de beaucoup de colère", conclut celui qui pense que cette période laissera des traces dans l'opinion publique.
Des traces qui pourraient aboutir à l'arrivée au pouvoir de Marine Le Pen? C'est ce que craint Patrick Kanner : "J'ai peur de l'extrême-droite. Vraiment. Madame Le Pen ne dit rien et Monsieur Macron joue avec le feu." Dans le viseur de l'ancien ministre des Sports, la réponse d'Emmanuel Macron à l'intersyndicale qu'il juge "indigne de la responsabilité qui est la sienne."
"Le bruit, la fureur, la violence, ce n'est pas ma manière de faire"
Alors que Jean-Luc Mélenchon a expliqué vouloir "une porte de sortie par la force", Patrick Kanner a expliqué que "jamais" il n'aurait utilisé les mêmes termes et critique sa prise de parole : "Moi, le bruit, la fureur, la violence, ce n'est pas ma manière de faire de la politique. Quand on parle comme cela, on est dans la logique du grand soir insurrectionnel et protestataire. Il parle comme un leader d'extrême-gauche dont il est issu."
Soutien de Nicolas Mayer-Rossignol lors du congrès du PS, Patrick Kanner estime, dans la même ligne que "la NUPES est un cadre qu'il faut revisiter, notamment à l'aune de ce qu'il s'est passé à l'Assemblée nationale il y a 15 jours."
"C'est important. Je souhaite que le PS trouve sa place dans la gauche rassemblée. Rassemblé ne veut pas dire aligné", conclut-il.