Pour éviter les licenciements, les entreprises en difficulté peuvent désormais "prêter" leurs salariés

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Une chaîne de production tentaculaire, 24.000 pots de confiture à l’heure, Laurent fait la visite de cette usine de confiture du Lot-et-Garonne et salue les salariés. Pourtant, ce n’est pas du tout un historique de l’entreprise: "Je ne sais pas faire la confiture moi, à part la manger, je ne suis pas bon". En effet, il a été "prêté" par son employeur, un constructeur de pièce d’avions.
"Au lieu d'arracher de la matière, j'en met dans les pots. Ça reste de l’industrie et nos compétences peuvent servir. On en apprend également beaucoup et ces nouvelles compétences pourraient me servir dans l'aéronautique. Je suis en train de faire tout un tas de mesures à différents endroits sur la consommation d'eau pour économiser surtout", raconte-t-il, très à l'aise dans son nouveau travail temporaire.
Avec la crise qui touche beaucoup d'entreprises cette solution originale permet de transférer provisoirement des salariés d'une société en difficulté vers d'autres qui tournent à plein régime. C'est l'entreprise qui accueille le salarié qui paie son salaire qui reste le même.
"C'est un plaisir de pouvoir retourner l’ascenseur pour l’économie de cette région"
Et Laurent s’est vite fait une place, admet Patrice Faucher le directeur technique: "C'est un plaisir de travailler avec lui, on a beaucoup d’échanges, il nous amène une autre vision des choses. On peut amener des problématiques qui s'améliorent, ce n'est que du positif".
Intégration réussie donc, à la grande satisfaction de Lucien Georgelin, le fondateur de la marque, ancien agriculteur, très attaché à son terroir: "Dans l'alimentaire, on n'est pas les plus à plaindre, il y en a qui souffrent, alors c’est un plaisir de pouvoir retourner l’ascenseur pour l’économie de cette région".
À quelques kilomètres de son usine, le silence dans l’entrepôt de Construction Structures Aéronautiques, l’employeur du salarié "prêté". "Ça permet de limiter la casse. Je ne fais "que" si je peu dire, 19 licenciements secs. Si je n'avais pas pu faire de mise à disposition, il aurait fallu que je licencie une dizaine de collaborateurs supplémentaires", explique le patron de l'entreprise Jérôme Creuzet. Car le personnel très qualifié a été formé pendant 5 ans et il ne veut surtout pas les voir partir.