Réforme de l'assurance chômage: pourquoi l'instauration d'un "bonus emploi senior" fait débat

Une nouvelle réforme de l'assurance chômage est envisagée pour l'année 2024. Découvrez quelles seront les répercussions pour les salariés portés et les indépendants. - HJBC / Shutterstock
Gabriel Attal a détaillé la réforme de l'assurance chômage dans un entretien dans La Tribune Dimanche. Il a notamment annoncé une durée d'indemnisation raccourcie et un durcissement des règles de l'ouverture des droits au chômage. Il a également mentionné un nouveau dispositif “bonus emploi senior”.
Pour les seniors, le plus difficile dans la recherche d'emploi, c'est de retrouver des postes aussi bien rémunérés que les précédents. Pour lever ce frein, ce "bonus" permettra de compléter un salaire moins élevé que le précédent.
Concrètement, un salarié de plus de 57 ans qui reprendra un emploi moins bien rémunéré que le précédent se verra verser par l’assurance chômage un complément lui permettant de retrouver le même niveau de salaire. Un dispositif qui semble alléchant sur le papier mais qui comporte des effets pervers, car il ne serait effectif qu'un an.
Serge, 57 ans, est au chômage depuis plusieurs mois. Ancien cadre dans une multinationale, bardé de diplômes, il cherche un emploi à la hauteur de ses compétences. Mais les fins de mois difficiles et ce bonus emploi séniors le font tout envisager.
“Avec un compte en banque qui frôle le zéro, il faut forcément trouver du boulot d’une manière ou d’une autre. À la limite, n’importe lequel, même un truc moins bien payé”, indique-t-il.
Une mesure qui renforce la précarité des seniors?
Mais Serge envisage ce bonus uniquement comme une solution d’urgence, car il y voit un vrai manque de considération de la part du gouvernement. “C’est prendre des seniors et des expériences à faible coût en leur disant 'ce n’est pas grave, vous récupérerez de toute façon votre salaire d’avant'. L’idée même est d’une violence monstrueuse. C’est grosso modo 'vous ne valez rien'”, dénonce-t-il.
Un bonus qui n'en serait pas vraiment un pour Claude Waret, président de la Fides. À long terme, il dénonce une précarisation des seniors.
“C’est l’armée du salut. Moi, je suis extrêmement choqué. Au lieu d’avoir une véritable gestion de l'emploi, en fait, c’est une gestion de la précarité. Donc c’est nié la valeur des seniors”, appuie-t-il.
Ce bonus emploi senior devrait entrer en vigueur par décret au 1er décembre.