Rétropédalage sur les indemnités prud'homales: "Un pas en avant, deux pas en arrière"

Les patrons sont déçus du rétropédalage gouvernemental sur la loi Travail (illustration) - AFP
Manuel Valls a présenté une version corrigée du projet de loi Travail. Dans ce nouveau texte, le Premier Ministre a reculé sur les articles les plus contestés. Exemple le plus emblématique: le barème, qui devait plafonner les indemnités prud'homales, sera seulement "indicatif". "Une aide pour les juges prud'homaux, mais pas un carcan", a expliqué Manuel Valls. Mais les patrons de petites et moyennes entreprises ne partagent pas vraiment cet enthousiasme. En effet, ce rétropédalage les déçoit.
"Qu'une démarche politicienne"
C'est le cas par exemple pour Frédéric Durand. Le dirigeant de Diabolocom, une société de services numériques basée à Levallois-Perret, dans les Hauts-de-Seine, était très satisfait de la première version du projet de loi travail. "Je me suis dit: 'C'est bien, on commence à prendre en compte la réalité des entrepreneurs, des PME françaises'. Finalement, ce n'était qu'une démarche politicienne: un pas en avant, deux pas en arrière", se désole-t-il.
Car pour ce patron d'une entreprise de 34 salariés, la nouvelle mouture du texte aura des conséquences néfastes sur l'emploi du pays. Pas de plafonnement des indemnités prud'homales en cas de licenciement abusif signifie, selon lui, moins d'embauches. "Quand on recrute une personne, on va se dire que, dans le pire des cas, il y a un risque financier. Forcément, cela va introduire une certaine frilosité sur les recrutements de certaines personnes qui nécessiteraient de prendre un risque relativement important", argumente-t-il.
"Beaucoup plus souple à l'étranger"
En revanche, ce risque, Frédéric Durand assure avoir pu le prendre à l'étranger. En effet, une personne vient d'être embauchée en Angleterre mais avec un contrat anglais car, outre-Manche, le droit du travail lui est plus avantageux. "On s'est dit que l'on ne risquait rien. S'il y a le moindre problème ou si nos plans de développement ne se déroulent pas comme prévu, on aura en effet la possibilité d'arrêter notre collaboration assez rapidement et à moindres frais", explique-t-il.
Et ce chef d'entreprise d'estimer que les investissements à l'étranger pourraient s'amplifier dans les prochaines années, au détriment de l'économie française. "On se rend compte que c'est beaucoup plus souple et facile de se développer dans d'autres pays. Forcément, s'il y a des arbitrages à faire en termes d'efforts, d'investissements et de temps on les fera probablement dans d'autres pays où la croissance semble plus facile à faire".
Si Frédéric Durand assure qu'il ne compte pas délocaliser son activité, il interpelle toutefois le gouvernement: les petites entreprises françaises ont besoin de plus de flexibilité.