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Salaire "décent" mis en place par Michelin: "Les Français s'appauvrissent depuis plus de 20 ans"

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Le groupe de pneumatiques Michelin a annoncé mercredi à Clermont-Ferrand la mise en place d'un salaire "décent" pour ses 132.000 salariés dans le monde. Pour Erwan Tison, économiste et directeur des études de l'Institut Sapiens interrogé par RMC, la "décence n'existe pas d'un point de vue "économique". Il affirme cependant que les Français "s'appauvrissent depuis plus de 20 ans".

Le groupe de pneumatiques Michelin a annoncé mercredi 17 avril à Clermont-Ferrand la mise en place d'un salaire "décent" et d'un "socle de protection sociale universel" pour ses 132.000 salariés dans le monde. Ce salaire décent garantit une rémunération équivalente au "living wage" tel que défini par le Pacte mondial des Nations unies, a annoncé le groupe.

Ce salaire doit permettre "à chaque salarié de subvenir aux besoins essentiels" d'une famille de quatre personnes (alimentation, transport, éducation, frais de santé) mais également de constituer une épargne de précaution et d'acquérir des biens de consommation. Les entreprises devraient-elles suivre le modèle proposé par Michelin? C'était le débat proposé dans Estelle Midi ce jeudi, sur RMC.

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"La question, c'est la modularité et l'uniformité du Smic"

"D'un point de vue économique, la décence n'existe pas. Mais elle va dépendre d'un point de vue plus moral. La question, c'est la modularité et l'uniformité du Smic", selon les territoires et les dépenses, a exposé Erwan Tison, économiste et directeur des études de l'Institut Sapiens, sur RMC.

"Est-ce que le travail continue à payer son niveau minimum ? La réponse est non. Les Français s'appauvrissent par leur travail depuis plus de 20 ans, du fait des cotisations de plus en plus importantes. D'autre part, la baisse de la productivité. Le seul vrai moteur des salaires en, économie c'est la productivité. Quand elle diminue, le salaire diminue également", a-t-il poursuivi.

Pour l'économiste, les effets de seuils sont responsables de l'absence de volonté des entreprises à augmenter leurs salariés. "Il y a le niveau à 160% du Smic, qui a été mis en place par François Fillon en 2005, qui est absolument catastrophique".

"Pour augmenter de 100 € un salarié à 1.800 €, le patron donne 250-300€", explique Erwan Tison

Cela "incite les entreprises à paupériser et à maintenir leurs salariés dans un niveau compris entre 1 et 1,6 Smic", a-t-il ajouté.

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39.638€ brut à Paris, 25.356 € à Clermont-Ferrand

Le salaire "décent" proposé par Michelin représente en France 39.638 euros brut par an à Paris, 25.356 euros à Clermont-Ferrand, où se situe le siège du groupe. Le Smic s'élève à 21.203 euros bruts.

Au Brésil, le salaire "décent" de Michelin est de 37.347 réals (pour un salaire minimum à 16.944 réals) et en Chine 69.312 yuans (salaire minimum à 29.040 yuans). "En moyenne, le salaire décent représente entre 1,5 fois et 3 fois le salaire minimum", a précisé Florianne Viala, directrice de la rémunération du groupe. 

14 semaines minimum de congé maternité

D'ici fin 2024, les 132.000 salariés de Michelin bénéficieront par ailleurs d'un "socle de protection sociale universel" qui consiste en un congé maternité de 14 semaines minimum et un congé paternité de quatre semaines rémunérés à 100%. En France, quelques entreprises, dont le groupe pharmaceutique Sanofi ou Abeille Assurances, offrent des congés paternité plus long, de dix à quatorze semaines.

Ce socle vise également à "protéger la famille d'un salarié décédé" avec le versement d'un capital décès d'au moins un an et d'une rente d'éducation pour les enfants, quelle que soit l'ancienneté du salarié. Une couverture santé est également proposée aux salariés et leur famille. 

"La France est extrêmement protégée mais on oublie qu'il y a tout un tas de pays dans le monde où cela n'existe pas", a souligné le patron de Michelin Florent Menegaux. "Ce qu'on veut, c'est que les personnes soient pleinement engagées dans ce qu'elles font", a-t-il ajouté.

LM