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Suspension du compte pénibilité: "que Macron vienne deux jours sur un chantier!"

Ce sera une des mesures prioritaires d'Emmanuel Macron: la suspension du compte pénibilité pour simplifier la vie des entreprises. Mais certains salariés regrettent déjà la fin de ce dispositif.

Exit le compte pénibilité. Ce sera l'une des mesures prioritaires d'Emmanuel Macron. Le président élu a dit vouloir "suspendre" le dispositif pour l'"adapter" par branche. Le terme "pénibilité" ne lui convient pas non plus: "le travail c'est l'émancipation, c'est ce qui vous donne une place", avait expliqué le candidat en mars dernier.

Mais certains salariés regrettent cette décision. Yannick travaille sur des chantiers. Charges lourdes, poussière, bruits, Yannick considère que son travail quotidien n'est pas facile et comptait partir plus tôt à la retraite grâce au compte pénibilité: "Macron et les autres ne sont pas des gens qui vivent comme nous. Emmanuel Macron, qu'il vienne pendant deux jours sur les chantiers et qu'il voit comment bossent mes gars. Peut-être qu'il comprendra ce que c'est".

"Concrètement, c'est une usine à gaz"

Les salariés, regrettent, les patrons, eux, attendent impatiemment la suspension du dispositif. Christophe Bellanger dirige une société d'électricité à Angers et pour lui, c'est un véritable casse-tête: "J'ai fait l'expérience sur un mois: comptabiliser toutes les tâches soi-disant pénibles par nos salariés… Concrètement, c'est une usine à gaz".

Même avis pour Jean-Eudes Du Mesnil, secrétaire général de la CGPME (Confédération générale du patronat des petites et moyennes entreprises): "Les textes sont inapplicables aujourd'hui. Si vous prenez par exemple les postures pénibles, vous devez regarder par exemple quel est le degré d'inclinaison du coude. Au-delà d'un certain seuil, c'est une posture pénible, en dessous ça ne l'est pas. Il faut se donner le temps de reprendre les critères et de les rendre applicables dans les petites boîtes".

Pour la CGPME, suspendre le compte pénibilité doit même être la première mesure du président Macron.

P.B. avec Pierre Rigo