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"Un salaire insultant": LFI veut limiter la rémunération des grands patrons comme Carlos Tavares

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Alors que Carlos Tavares le patron de Stellantis devrait toucher 36,5 millions d'euros pour l'année 2023, La France insoumise veut limiter la rémunération des chefs d'entreprise en instaurant un rapport de 1 à 20 entre les plus gros salaires d'une même entité.

Les actionnaires de Stellantis ont validé mardi la rémunération pour 2023 de Carlos Tavares. Une rémunération annuelle qui peut s'élèver, selon les résultats du groupe, à 36,5 millions d'euros, soit 100.000 euros par jour, pour le directeur général du 4e groupe automobile français qui regroupe Peugeot et Citroën, notamment.

Une rémunération qui provoque la colère à gauche et dans les rangs des syndicats: "Ce capitalisme est fondamentalement immoral, destructeur, antirépublicain et antidémocratique", s'est ému le député de La France insoumise Alexis Corbière sur X.

"Comme pour un joueur de foot, il y a un contrat: 90% de mon salaire est fait par les résultats de l'entreprise et ça prouve que les résultats sont bons. Et si vous estimez que ce n’est pas acceptable, faites une loi et modifiez la loi et je la respecterai", a assuré Carlos Tavares au micro de France Bleu Lorraine.

"Chiche!", lui a répondu le député insoumis Matthias Tavel sur X.

Des salaires allant du Smic à 384.000 euros nets annuels

"Carlos Tavares a le mérite de la franchise dans la provocation qu'il fait", détaille ce mercredi sur RMC et RMC Story l'élu. "Il défend son salaire que je trouve insupportable, très disproportionné même insultant pour les salariés de Stellantis et tous les petits patrons", ajoute Matthias Tavel.

Le député vient d'ailleurs de déposer une proposition de loi pour limiter de 1 à 20 l'écart entre le plus haut et le plus bas salaire dans les entreprises: "Si celui qui est le mieux payé veut s'augmenter beaucoup, il est obligé d'augmenter beaucoup celui qui est le moins bien payé. C'est une limite morale et un cercle vertueux économiquement", défend le député.

Ainsi avec cette loi, en considérant que le salaire le plus bas se situe aux alentours de 1.600 euros mensuels nets, le patron d'un groupe comme Stellantis ne toucherait "que" 32.000 euros nets mensuels, soit 384.000 euros par an, 100 fois moins que le salaire validé par les actionnaires à Carlos Tavares.

"C'est déjà beaucoup, quel être humain a des besoins 20 fois supérieurs à un autre. Avec le salaire de Carlos Tavares, on est à 1.700 fois le SMIC. Il y a une question morale je pense que beaucoup de gens sont choqués", estime Matthias Tavel.
L'invité de Charles Matin : Une loi pour fixer un salaire maximum en entreprise ? - 17/04
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"Nous trouverons des patrons qui coûtent moins cher"

Il invoque également une "logique économique": "On pousse à concentrer l'argent des entreprises sur les dividendes des actionnaires ou les supers salaires des patrons. Cet argent serait mieux utilisé ailleurs juge le député de Loire-Atlantique.

Et alors que Carlos Tavares invoque la bonne santé financière de son entreprise privée, Matthias Tavel insiste: "Une entreprise, ce n'est pas seulement un patron et des actionnaires. Ce sont aussi des salariés et leur performance, des salariés qui peuvent travailler la nuit et les week-ends. C'est ce qui fait le salaire mirobolant de Carlos Tavares. C'est de la justice et de la redistribution", martèle l'élu.

Si en 2022, le candidat Emmanuel Macron avait déjà considéré la rémunération de Carlos Tavares choquante, dans les rangs de la majorité on estime qu'un rapport de 1 à 20 serait "une fausse bonne idée": "On chercherait à avoir un effet sur quelques entreprises, peut-être moins de 5 alors qu'on a fait beaucoup pour rendre la place parisienne attractive", déplore le député Renaissance Louis Margueritte. "On chercherait à régler quelques cas qui trouveraient comment contourner une telle loi donc je n'y suis pas favorable", ajoute l'élu.

"Qu'ils aillent ailleurs", estime de son côté Matthias Tavel. "Carlos Tavares se fait fort de trouver des ouvriers qui coûtent moins cher. Nous, nous trouverons des patrons qui coûtent moins cher", insiste-t-il.

LFI main dans la main avec le PS?

Mais si une telle loi était votée, s'appliquerait-elle à Carlos Tavares alors que Stellantis, groupe automobile multinational qui regroupe notamment PSA et Fiat-Chrysler est immatriculé aux Pays-Bas? Oui assure Matthias Tavel qui rappelle que c'est l'une des revendications portées par Manon Aubry, la cheffe de file de La France insoumise aux élections européennes.

Pour limiter les salaires des grands patrons, La France insoumise pourrait s'allier avec les socialistes qui préconisent eux un plafond dans la rémunération des chefs d'entreprise: "Faisons cette loi contre ces super-salaires qui sont une super-prédation sur les entreprises au détriment des salariés alors que Carlos Tavares ne pense qu'à lui et non au bien commun", conclut Matthias Tavel.

Guillaume Dussourt Journaliste BFMTV-RMC