Un reste à charge sur le CPF des salariés: un frein à la formation?

Bercy a annoncé lundi la mise en place d'une participation forfaitaire au compte personnel de formation, le CPF. Un décret en ce sens doit être publié en avril. Une mesure annoncée dans le cadre des 10 milliards d'euros d'économies supplémentaires prévus cette année. Cette participation forfaitaire permettra de générer 200 millions d'euros d'économies sur un total de deux milliards que coûte le CPF.
Pour justifier ce reste à charge, Bercy avance d'abord un argument économique. Le coût des dossiers de formation a augmenté de 16% en 2 ans. Il s'agit donc de répercuter cette hausse, mais le gouvernement veut aussi limiter les effets d'aubaine, en responsabilisant les salariés.
L'année dernière, d'après une étude du ministère du travail, 20%, d'entre eux, ont utilisé leur CPF sans visée professionnelle. Cette participation s'appliquera à tous les salariés dès ce printemps. Seules les personnes au chômage en seront exemptées.
Jules pensait que le CPF pourrait encore tout prendre en charge. “C’est dommage. Si quelqu’un veut se reconvertir, ça peut lui mettre un frein par rapport à ça”, estime-t-il. Même constat pour Lionel, avancer des frais pour ce transporteur, c’est un pari risqué.
“Si on me dit il faut rajouter 300 euros de ma poche et que derrière je ne suis pas sûr d’avoir le poste. C’est sûr et certain que je ne vais pas l’utiliser. Ça va bloquer plus de gens dans leur réflexion initiale”, assure-t-il.
Une participation à hauteur de 10%?
Constance, elle, y voit des avantages pour éviter les abus. “Ça responsabilise. Ça donne aussi de la valeur à cette formation-là. Donc ça dépend à quelle hauteur, quel sera le pourcentage”, juge-t-elle.
La contribution pourrait être de 10% d’après Bercy, mais certaines entreprises pourraient la financer, selon Stéphane Heit, vice-président de la Caisse primaire assurance-maladieie en charge de la formation.
“Aujourd’hui nous avons quand même beaucoup d’entreprises qui veulent recruter et qui ne demanderont pas mieux que de co-construire avec la personne qu’ils recrutent, un parcours de professionnalisation. Et donc dans ce cas-là, il n’y aura pas de reste à charge du salarié”, assure-t-il.
La CFDT demande également à ce que cette contribution soit réservée aux formations qui ne sont pas à finalité professionnelle.