François Bayrou veut redonner le moral à la France

Au siège du MoDem, à Paris, François Bayrou crédité d'environ 14% des intentions de vote à quatre mois de l'élection présidentielle, a présenté mardi ses voeux à la presse en renouvelant son message de détermination et d'espoir face à la crise. /Photo pri - -
PARIS (Reuters) - François Bayrou, dont la percée dans les sondages renforce la foi en son destin présidentiel, se donne pour mission de "redonner le moral" aux Français et de "reconstruire la politique honnête".
Le candidat centriste, crédité d'environ 14% des intentions de vote à quatre mois de l'élection présidentielle, a présenté mardi ses voeux à la presse en renouvelant son message de détermination et d'espoir face à la crise là ou d'autres candidats, souligne-t-il, promettent "du sang et des larmes".
"Je sais qu'aussi profonde que soit sa crise d'aujourd'hui, la France la surmontera, comme elle a surmonté dans son histoire millénaire tous les drames et toutes les chutes", a-t-il déclaré lors d'un discours au siège du Mouvement Démocrate (MoDem).
Pour François Bayrou, les "responsables" du marasme - "gouvernements de gauche puis de droite" - doivent être "sanctionnés" dans les urnes afin qu'"une page nouvelle", signée de sa main, s'ouvre pour la France.
"La première mission, le premier devoir de celui qui sera élu, le 6 mai prochain, c'est de redonner le moral à tout le peuple français, de lui redonner le courage, et l'envie, et l'optimisme calme", a affirmé le président du MoDem.
C'est là "la moitié de la guérison" pour le député béarnais, qui a critiqué sans le citer François Hollande, auteur d'une "Adresse aux Français" dans Libération reprenant plusieurs des thèmes qui lui sont chers.
Le candidat socialiste affirme notamment vouloir incarner "l'espérance" d'une "République méprisée".
Redonner l'espoir au peuple, "ne se fera pas par le bla-bla, ni par oral, ni par écrit", a lancé François Bayrou.
"IL SUFFIT QUE LES FRANÇAIS LE DÉCIDENT..."
"Les Français en ont soupé des discours qui utilisent tous les mêmes mots, qui sont écrits avec la même plume ou le même clavier", a-t-il insisté, opposant à sa "vraie langue", sa "langue de vérité", "la langue bâtarde avec laquelle on parle quand on n'a rien à dire".
François Bayrou, dont le programme doit s'affiner au fil de "forums" thématiques organisés jusqu'en mars, a réaffirmé son objectif de redressement des finances publiques (maîtrise de 50 milliards en deux ans de la dépense, augmentation en deux ans de 50 milliards des ressources de l'Etat) et son credo économique du "produire français".
"C'est comme si j'avais prononcé une incongruité! Un gros mot!", a-t-il ironisé en réponse aux "esprit subtils" qui ont mis en doute son plaidoyer pour le "made in France" face à l'aggravation du déficit du commerce extérieur français.
"Les 75 milliards que nous achetons à l'étranger de plus que nous ne vendons représentent l'équivalent du salaire annuel chargé de combien de travailleurs au salaire moyen? Trois millions! Et combien de chômeurs en France? Trois millions!", a-t-il plaidé.
Le candidat centriste a réitéré ses "réserves" sur l'instauration d'une "TVA sociale", dont la ministre du Budget, Valérie Pécresse, a assuré mardi qu'elle serait mise en oeuvre avant la présidentielle.
"Ma conviction est que ce n'est pas dans la course à l'effondrement du prix du travail que se trouve la solution pour le produire en France", a-t-il déclaré.
Dernier axe de la reconquête selon le "troisième homme" de la présidentielle de 2007, dont la "solitude" supposée, assure-t-il, n'est plus d'actualité: "Reconstruire la politique honnête".
"Nous allons reconstruire le moral de la France, parce que nous allons reconstruire la morale publique", a-t-il promis.
"Il suffit que les Français le décident le 6 mai pour que soit mis en terme, en un seul jour, à toutes les affaires, à toutes les complaisances coupables, à toutes les connivences", a ajouté François Bayrou, dessinant en creux le scénario rêvé de son élection.
Sophie Louet, édité par Gilles Trequesser