François Fillon et Jean-François Copé s'expliquent

par Emile Picy
PARIS (Reuters) - Un échange "assez vif" a opposé François Fillon à Jean-François Copé en présence de Nicolas Sarkozy, mardi matin à l'occasion de la réunion de la majorité à l'Elysée, ont rapporté des participants.
Le secrétaire général de l'UMP, qui a accusé le Premier ministre lundi soir sur Canal+ de ne pas "jouer collectif" à propos du débat sur la laïcité et l'islam, a maintenu sur le fond ses propos même s'ils ont "pu paraître excessifs", a rapporté son entourage.
"Il y a eu un échange assez vif entre François Fillon et Jean-François Copé", a dit un participant à Reuters.
Selon un autre participant, qui a requis l'anonymat, le chef de l'Etat, le Premier ministre et le responsable du parti au pouvoir se sont vus avant le petit-déjeuner de la majorité, qui a commencé avec un quart d'heure de retard.
Lors du petit-déjeuner, "chacun a dit qu'il était dans son rôle, mais ça a été sage", a assuré cet autre participant.
"Jean-François Copé a pris la parole en premier" pour revenir sur l'incident, a dit son entourage. "Il a dit que si ses propos avait pu paraître excessifs sur le fond il les maintenait", a-t-on rapporté.
Le secrétaire général de l'UMP s'est "étonné des propos de certains", allusion notamment au député UMP des Yvelines Etienne Pinte, qui a demandé la démission de Jean-François Copé, et au député UMP des Vosges, Michel Heinrich, qui affirme en avoir "assez de courir derrière le Front national".
"L'INCIDENT EST CLOS"
Jean-François Copé s'est étonné que certains demandent un débat "digne et cadré" sur la laïcité. "C'est une évidence, Jean-François Copé n'a jamais parlé de débat indigne et pas cadré", souligne son entourage.
Le Premier ministre a ensuite pris la parole, selon des participants.
"Il a dit qu'il avait peu apprécié les propos d'hier. Il a dit ensuite qu'il fallait jouer collectif", a-t-on rapporté.
"Jean-François Copé n'a présenté ni ses regrets, ni ses excuses, et a dit que si ses propos avaient pu paraître excessifs, il les maintenait sur le fond", a dit son entourage. "Il a appelé ensuite tout le monde à jouer collectif".
Pour le député UMP de Paris Jean-François Lamour, "l'incident est clos".
"Le rôle d'un politique, c'est d'être en capacité de surmonter les obstacles. Le Premier ministre va le faire sans problème", a-t-il dit à des journalistes dans les couloirs de l'Assemblée nationale.
Chantal Brunel, la député UMP de Seine-Marne qui avait choqué dans son camp en suggérant de "remettre dans les bateaux" les immigrés méditerranéens, a souhaité quant à elle que "les querelles de famille restent dans le secret des familles". "Laissons les divisions au Parti socialiste", a-t-elle déclaré.
Lors de la réunion de la majorité, le numéro deux du gouvernement, Alain Juppé, aurait mis en garde contre une droitisation de la majorité, selon un participant.
"Attention, les valeurs d'exclusion ne sont pas les nôtres. Revenons aux sujets de fond que sont l'emploi, la politique économique et la justice sociale", aurait déclaré le ministre des Affaires étrangères.
Avec Emmanuel Jarry à Londres, édité par Sophie Louet