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Fraude dans les transports: "Un faux nom, une fausse adresse et le tour est joué!"

Actuellement, les contrôleurs ne peuvent pas contraindre un fraudeur à présenter une pièce d'identité. (Photo d'illustration)

Actuellement, les contrôleurs ne peuvent pas contraindre un fraudeur à présenter une pièce d'identité. (Photo d'illustration) - AFP

TÉMOIGNAGES - La Cour des comptes estime le coût de la fraude dans les transports en commun d'Ile-de-France à 363 millions d'euros pour l'année 2013, SNCF et RATP confondus. Pour lutter contre ce fléau, Gilles Savary, député PS de Gironde a déjà proposé une loi instaurant un renforcement des pouvoirs des contrôleurs.

La Cour des comptes remet aujourd'hui son rapport annuel sur les dépenses budgétaires. Plusieurs secteurs devraient être épinglés, dont la question de la lutte contre la fraude dans les transports en commun. Dans un pré-rapport provisoire, publié par Le Monde en octobre dernier, les magistrats de la rue Cambon estimaient le coût de la fraude en Ile-de-France à 363 millions d'euros pour l'année 2013, SNCF et RATP confondus.

Pour lutter contre ce fléau, Gilles Savary, député PS de Gironde a déjà proposé une loi instaurant un renforcement des pouvoirs des contrôleurs. Hasard du calendrier, le texte sera débattu aujourd'hui en commission paritaire mixte entre sénateurs et députés.

"Ça me dissuaderait"

Aujourd'hui, le problème n'est pas tant de verbaliser les fraudeurs que de les faire réellement payer. A la RATP, le taux de recouvrement des amendes est de... 14%. En effet, les contrôleurs ne peuvent pas contraindre un fraudeur à présenter une pièce d'identité, et à le retenir le temps que la police arrive si celui-ci refuse de présenter ses papiers. Et pour Kris, la fraude est toute aussi économique que ludique.

"Un faux nom, une fausse adresse, et le tour est joué!", lance-t-il, bravache, au micro de RMC.

Mais les règles du jeu vont changer, car désormais si un passager ne veut plus donner son identité, le contrôleur pourra exiger une carte d'identité ou appeler la police. Du coup, côté fraudeurs:

- "On verra qui sera le plus malin!", s'amuse Kris.
- "Ça m'embêterait, mais ça me dissuaderait", reconnaît cet autre fraudeur.

"Ça ne va rien changer du tout"

Et c'est bien là le but visé, explique Gilles Savary, député et auteur de la proposition de loi:

"C'est une rupture considérable avec ce qui existait. Si vous refusez d'obtempérer, vous pouvez prendre congé: personne ne peut vous retenir. Cela ne sera possible maintenant avec cette loi".

Les contrôleurs pourront eux en effet retenir eux-mêmes les contrevenants jusqu'à l'arrivée de la police. Enfin en théorie, plus qu'en pratique, selon Frédéric Delbar, de la CGT-RATP, spécialiste des questions de sécurité:

"Ça ne va rien changer du tout! Si sur 100 fraudeurs, il y en a 80 qui nous disent 'je n'ai pas de pièce d'identité', vous n'aurez jamais le temps d'appeler, à chaque fois, des effectifs de police".

Mais une autre nouveauté du texte pourrait être efficace: la possibilité de retrouver l'adresse du fraudeur à partir de sa seule identité, via des recoupements de fichier. 

C. P. avec Claire Checcaglini