Grève de la faim à Seita: "On ne comprend pas pourquoi on ferme"

Certains salariés de Seita sont en grève de la faim depuis 16 jours - JEAN-SEBASTIEN EVRARD / AFP
Les salariés de l’usine Seita, filiale d’Imperial Tobacco, à Carquefou, près de Nantes, ne savent plus quoi faire pour se faire entendre. Opposés à la fermeture de leur usine, certains d'entre eux sont en grève de la faim. Et si certains arrêtent, d'autres prennent le relais. Ainsi, trois ouvriers de la Seita entament leur troisième semaine de grève de la faim, trois autres sont rentrés chez eux, à bout de force. Mais des collègues ont décidé de prendre la relève. Une femme les a rejoints dimanche, un autre, ce lundi. Il s'agit d'un mécanicien de 46 ans, depuis 18 ans à la Seita.
Alors qu'un rassemblement est prévu ce mardi à Nantes (des actions sont aussi prévues sur les autres Seita, notamment à Riom ou aux Aubrais), ces salariés assurent avoir choisi ce mode d'action extrême pour tenter d'interpeller l'opinion publique, les politiques et leur direction. C'est le cas de Fred qui a entamé sa grève de la faim il y a 16 jours. Il a perdu 9 kilos et met sa vie en danger pour sauver son emploi comme il l'explique au micro de RMC : "J'ai la tête qui tourne, les jambes qui flagellent. C'est dangereux. Mais comme on n'a pas de réponse de notre direction, de notre gouvernement, on en arrive à ce stade-là, à ce genre d'actes extrêmes".
"Montrez-nous qu'il y a peut-être une lueur d'espoir"
Et cet employé fait part de son mécontentement : "On ne comprend pas pourquoi l'Etat français laisse partir des emplois. Notre entreprise est pérenne donc on ne comprend pas pourquoi on ferme, c'est un non-sens. On est en train de marcher sur la tête". Fatallah a lui aussi commencé sa grève de la faim il y a 16 jours et a perdu 9 kilos. Lui aussi est à bout mais il assure qu'il ne lâchera pas. "On est en colère parce qu'on n'est pas dans une entreprise qui perd de l'argent et qui gagne chaque année de plus en plus. Et même avec ça, elle ferme". Il constate, désabusé : "Il n'y a aucune réaction de politiciens".
Désormais, les salariés s'en remettent à François Hollande. David Leclerc membre de la CGT, assure en effet au micro de RMC que celui-ci l'avait "promis pendant sa campagne présidentielle. Il avait dit que ce n'était pas normal qu'une entreprise qui reverse des dividendes à ses actionnaires ferme". Ce syndicaliste demande dès lors au chef de l'Etat de "réagir". "Faites quelque chose. Montrez-nous qu'il y a peut-être une lueur d'espoir, qu'on n'est pas tout seul, que les pouvoirs politiques sont pour l'emploi. Là, aujourd'hui, on en doute".