Grève des médecins: "La loi Touraine ne satisfait personne"

André Grimaldi, professeur de diabétologie à la Pitié Salpêtrière à Paris et animateur du Mouvement de défense de l'Hôpital public, était l'invité de RMC ce lundi matin.

C'est parti pour plus d'une semaine de grève chez les médecins. Et les premiers à faire grève sont les médecins urgentistes, ce lundi. L'Association des médecins urgentistes de France (Amuf) appelle en effet à une grève illimitée et table sur un taux de 80% de grévistes. Toutefois, pas de panique : les urgentistes peuvent être assignés et, surtout, la grève consistera à porter un "badge". Les urgentistes seront suivis demain par les médecins généralistes libéraux et mercredi par les médecins spécialistes.

Dans le collimateur des médecins : certains points du projet de loi Santé, comme la possibilité pour les pharmaciens de vacciner les patients ou la généralisation du tiers payant d'ici 2017 (dispense d'avance de frais), dont les contraintes techniques font craindre des retards de paiement. Devant la fronde des professionnels, la ministre de la Santé Marisol Touraine a d'ores et déjà accepté de reporter l'examen du texte, initialement prévu début janvier 2015 devant l'Assemblée nationale, au printemps prochain.

"Le système est grippé"

Ce lundi sur RMC, André Grimaldi, professeur de diabétologie à la Pitié Salpêtrière à Paris et animateur du Mouvement de défense de l'Hôpital public, a fait un point sur la situation. Selon lui, "le système est grippé parce qu'il est un mixte entre un système libéral et un système public. Ce qui fait qu'à tous les niveaux, tout est très complexe". Ce médecin est aussi revenu sur la question de la généralisation du tiers-payant qui divise dans le monde médical et qui est l'une des raisons du mouvement de grève. Il estime que le "vrai problème c'est un problème de gestion" : "Il va falloir à chaque fois vérifier que le patient est bien assuré et c'est un travail administratif qui n'est pas le boulot du médecin."

Mais plus que tout cela, pour André Grimaldi, "le vrai problème est qu'il y a en France, 17 millions de personnes qui ont une maladie chronique. Or notre système n'est pas fait pour prendre en charge ces maladies." Et de regretter "que pas un mot n'est écrit dans le futur projet de loi de la Ministre de la Santé à ce sujet." Selon lui, "la loi Touraine a voulu faire des compromis avec tout le monde et finalement elle ne satisfait personne."

M.R avec Adrien Borne