Hollande sillonne "ces quartiers qu'on appelle banlieues"

De Vaulx-en-Velin, près de Lyon, à Aulnay-sous-Bois en passant par Trappes, Aubervilliers et Clichy-sous-Bois, en région parisienne, le candidat PS François Hollande, ici aux Ulis, a passé 48 heures à écouter les doléances de zones défavorisées qu'il rech - -
par Elizabeth Pineau
CLICHY-SOUS-BOIS, Seine-Saint-Denis (Reuters) - " François président ! Le voilà !" Massé sur une butte herbeuse à l'entrée d'une petite zone commerciale des Ulis (Essonne), un groupe d'adolescentes exulte en cris stridents au passage de François Hollande qui distribue quelques baisers avant de remonter dans sa voiture.
Suivi par des dizaines de micros et de caméras, guetté par des habitants du balcon de leur immeuble et des enfants impatients de le "voir en vrai", le candidat socialiste à l'élection présidentielle est entré dans un café, une pizzeria et un salon de coiffure, "Foly'z, spécialiste du cheveu frisé et crépu".
"Ma fille est fan. Elle aime beaucoup Ségolène Royal aussi", dit la mère de Fleimata, quatre ans, petites tresses serrées sur la tête et ballon rose "François Hollande 2012" à la main.
Des tables-rondes, quelques bains de foule, beaucoup de questions et la volonté affichée de répondre à une population déçue par la politique : François Hollande a entamé le week-end pascal par deux jours dans les quartiers populaires, invités à se mobiliser à deux semaines du premier tour.
De Vaulx-en-Velin, près de Lyon, à Aulnay-sous-Bois en passant par Trappes, Aubervilliers et Clichy-sous-Bois, en région parisienne, le candidat PS a passé 48 heures à écouter les doléances de zones défavorisées qu'il rechigne à appeler "banlieues".
CALME APPARENT
"C'est une confiance que je dois apporter : une confiance dans la politique, dans le changement, et aussi une confiance dans les atouts de la France, y compris de la France des quartiers", a-t-il résumé devant la presse.
Le danger de l'abstention brandi pour ce scrutin présidentiel ne saurait selon lui être réservé aux seuls quartiers dits difficiles, marqués par les problèmes de pauvreté, d'emploi, d'immigration, de logement et de sécurité.
"Je ne veux pas laisser penser que dans ces quartiers-là, ce qu'on appelle les banlieues, il y aurait plus d'indifférence que dans d'autres villes de France", dit le candidat, qui y voit au contraire "plus d'engagement, plus de passion, plus de volonté de changement".
François Hollande a déjeuné avec des associations à Clichy-sous-Bois, d'où était partie en 2005 une vague de violences dans tout le pays après la mort de deux jeunes réfugiés dans un transformateur électrique pour échapper à la police.
"Les plaies ne sont pas encore apaisées et ne pensons pas que le calme apparent qui y règne soit le reflet d'une situation qui aurait trouvé sa solution", a estimé le député de Corrèze.
En réponse à l'inquiétude, François Hollande a réexpliqué ses propositions, des emplois d'avenirs, réservés en priorité aux jeunes défavorisés, au forfait "mineures contraception".
A l'approche d'un entre-deux tours qui s'annonce sans merci, il n'a pas épargné son principal adversaire, le président sortant Nicolas Sarkozy, en campagne au même moment dans le sud-est de la France.
TENIR SES PROMESSES
S'il était venu en banlieue parisienne, il aurait dû être protégé par "des CRS, beaucoup de policiers", a dit l'élu PS.
"Moi je souhaiterais si je deviens président pouvoir circuler aussi facilement que je le fais aujourd'hui, n'avoir rien à craindre", a considéré celui qui se décrit en homme "simple, direct, libre". "Et si je retiens parfois mon humour, c'est par charité pour le candidat sortant !".
Quand on lui parle de Jean-Luc Mélenchon, François Hollande redit son souci d'agir en futur président potentiel, à la différence du candidat du Front de gauche.
"Il ne s'agit d'être plus à gauche ou moins à gauche, il s'agit d'être capable de tenir ses promesses. Je suis une gauche qui doit non seulement gagner mais réussir", souligne-t-il.
La journée de François Hollande a commencé tôt par une courte promenade sans journalistes au marché de Trappes en compagnie de Benoît Hamon, porte-parole du PS et candidat aux législatives dans cette circonscription des Yvelines.
Une table-ronde sur l'emploi plus tard, il filait vers Les Ulis, ville nouvelle de l'Essonne où l'attendait madame le maire, Maud Olivier.
Comme la veille à Creil (Oise), des dizaines de personnes, dont beaucoup de jeunes et d'enfants, sont venus à sa rencontre pour lui serrer la main et le photographier.
Durant une table-ronde sur la cause féminine à la Maison pour tous, un jeune garçon arborait fièrement par dessus sur son survêtement un T-shirt blanc marqué du nom du candidat et de deux cases cochées pour les premier et second tour de l'élection présidentielle.
En arrivant, devant le café Le Relais des Ulis, François Hollande a été pris à partie par un militant insatisfait des propositions des prétendants à l'Elysée alors que "des gens sont expulsés, à la rue".
"La gauche va gagner car tout le monde veut virer Sarkozy", a considéré le jeune homme devant les journalistes. "Nicolas Sarkozy prend le peuple en otage avec la crise. François Hollande prend le peuple en otage avec Sarkozy".
Edité par Matthias Blamont