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"Il faut peut-être que je meure pour que l'on m'entende": Julie, 35 ans et mère de deux enfants, a été tuée par son ex-conjoint

Julie, une mère de famille de 35 ans a été tuée par arme à feu par son compagnon qui a reconnu les faits, dimanche matin dans une résidence d'Ile-Rousse, en Haute-Corse. Ses proches confient qu'il s'agissait d'un "drame prévisible". Hélène, sa tante, était l'invitée de RMC mardi matin.

Julie avait dépose plusieurs mains courantes en fin d'année dernière contre son compagnon pour injures, vol, menaces et violences. Malgré cela, la femme de 35 ans a été tuée par arme à feu par son compagnon dimanche matin dans une résidence d'Ile-Rousse, en Haute-Corse. Placé en garde à vue en fin de matinée, l'homme s'était présenté à la gendarmerie pour se constituer prisonnier avant d'avouer les faits: il lui a tiré dessus à deux reprises. 

Sur RMC, sa tante, Hélène, confie son émotion: "Depuis 2 ans elle était violentée par son mari, elle l'a quitté il y a 6 mois. Elle avait porté plainte plusieurs fois durant les six derniers mois"

Le couple connait une "séparation conflictuelle" d'après une source judiciaire. Le parquet de Bastia leur propose une médiation pénale. Une alternative aux poursuites qui n'aura pas lieu. Julie quitte alors le domicile familial. 

"Il m'a tué"

Fin janvier, la garde de leur deux fils de 8 et 10 ans est provisoirement attribuée au père. Le temps de mener une enquête sociale dans l'intérêt des enfants. Julie s'installe seule sur la même commune. Mais d'après des proches de la jeune femme, elle se sent en danger, harcelée par son ancien conjoint, au supermarché, dans sa résidence. Elle déplore que les gendarmes ne la prennent pas au sérieux "comme beaucoup de femmes" indique Hélène sur RMC.

D'autant que son ex-conjoint possède une arme à feu: "Il avait une autorisation de port d'arme qu'on aurait dû lui supprimer. (...) Elle avait le pressentiment que cet harcèlement finirait par un meurtre. Je n'étais pas tranquille en sachant que son mari était à proximité" confie sa tante à Apolline de Malherbe. 

Quand sa voisine l'a retrouvée en sang chez elle dimanche, ses derniers mots ont été "il m'a tué".

"Elle avait le sentiment de ne pas être prise au sérieux par les services de gendarmerie"

Depuis l'annonce du drame, l'émotion est forte dans la petite commune de Haute-Corse. De la stupeur aussi, mais surtout de la colère devant un drame prévisible. Tout le monde, ici, connaissait Julie, au moins de vue. Créatrice de bijoux, présente sur les marchés, la mère de famille était une figure locale.

"Elle m'a dit elle-même qu'elle avait le sentiment de ne pas être prise au sérieux par les services de gendarmerie. Elle les avait d'ailleurs interpellé en leur disant: 'Il faut peut-être que je meure pour que l'on m'entende et qu'on me croit'", confie Antoinette Salducci, conseillère municipale. 

Cent trente femmes sont mortes en 2017 en France sous les coups de leur compagnon, ex-conjoint ou petit ami, contre 123 en 2016, selon des données communiquées par le ministère de l'Intérieur.

Sur ces 130 femmes, 109 formaient un couple stable avec leur meurtrier, et 21 ont été tuées par un petit ami, un amant ou une relation épisodique. A ces chiffres, il faut ajouter 25 enfants tués dans le cadre de violences conjugales, et 151 tentatives d'homicides au sein du couple.

Marion Dubreuil et Olivier Chantereau avec Xavier Allain