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Insultes, refus de priorité, incivilités: pour les cyclistes, la route "c'est la loi du plus fort"

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Parti s'entraîner avec deux amis, le cycliste professionnel Yoann Offredo a été agressé par deux automobilistes. Si tous ne sont pas aussi violents, certains conducteurs ont parfois du mal à partager la chaussée. Queues de poisson, klaxons, pistes cyclables utilisées comme places de parking, Kiki Lambert, adepte de la petite reine à Paris, a déjà fait les frais des incivilités de certains chauffeurs.

Kiki Lambert est cycliste et adhérente de l'association MBD, "Mieux se déplacer à bicyclette":

"Moi je me déplace à vélo régulièrement dans la région parisienne. Ce qui est compliqué c'est que les automobilistes n'hésitent pas à empiéter sur la voie réservée aux cyclistes, mais nous, il ne faudrait pas qu'on aille sur le leur. Il faudrait qu'on n'existe pas. Mais si on n'existait pas ils seraient drôlement embêtés, ce serait infernal, les voitures n'avanceraient plus!

Moi par exemple ce matin, deux voitures m'ont refusé la priorité. Les automobilistes savent bien que ce sont les plus gros. Je roulais sur une route toute droite, la voiture en face a tourné à gauche sans se soucier de moi, j'ai dû piler. Pourtant il m'avait bien vu. Il a considéré que comme je n'oserais pas lui rentrer dedans, j'allais m'arrêter. C'est la loi du plus fort. C'est un peu énervant.

Ce qui est très énervant aussi, c'est l'automobiliste qui vous double alors que le feu est au rouge et il vient se coller près de vous dans le sas vélo. Comme si le premier arrivé au feu rouge avait gagné! Ce genre de choses, c'est quotidien. Ce n'est pas forcément dangereux mais à force, c'est pénible.

"Je me suis même fait renverser par une voiture"

Parfois j'ai envie de leur dire que c'est grâce aux cyclistes que la ville est plus vivable parce qu'ils ne polluent pas, qu'ils ne font pas de bruit et prennent moins de place. Parfois on gêne les voitures, mais souvent j'ai l'impression qu'ils ne comprennent pas qu'on est leur allié pour rendre la ville plus agréable.

Cela arrive aussi que l'on se fasse insulter, mais ce n'est pas quotidien. Je me suis même fait renverser par une voiture qui ne voulait pas attendre. Le conducteur m'a lancé: 'hé mais je bosse, je ne suis pas touriste!', mais moi non plus! Alors je n'ai pas été gravement blessée mais bon...

"L'autre jour, un automobiliste m'a traité de connasse"

Mais il est vrai aussi que c'est plus serein qu'il y a quelques années, car il y a plus de cyclistes, donc les automobilistes sont plus habitués à en voir.

Et il y a aussi des automobilistes sympas, comme il y a des cyclistes idiots! Mais c'est vrai qu'on remarque surtout ceux qui râlent. Moi j'essaie de remercier les automobilistes sympas, je leur fais un petit signe. Et j'essaie d'arrêter de râler contre ceux qui me gênent. L'autre jour, un automobiliste m'a traité de connasse, je lui ai dit 'mademoiselle connasse s'il vous plaît'. Du coup j'ai rigolé et je ne me suis pas énervée, parce que commencer la journée comme ça c'est rude. Ça n'enlève pas ce qu'il a fait mais ça m'atteint moins".

Propos recueillis par Paulina Benavente