Afghanistan: des femmes chantent pour se rebeller contre l’interdiction prononcée par les talibans

En Afghanistan, des femmes se rebellent contre l’interdiction de chanter… en chantant. C’est le début d’un mouvement de contestation au régime taliban. Depuis leur retour en 2021, le droit des femmes (et des filles) est enterré. Le sort réservé aux Afghanes: l’anonymat, l’obscurité et le silence. Il y a une semaine, à Kaboul, était promulguée une loi de 35 articles, parmi lesquels donc l’interdiction de chanter. Alors des femmes prennent le risque de sortir du silence, justement, le poing levé, de faire entendre leur voix interdite, en vidéo sur les réseaux sociaux essentiellement. Cette loi grave en fait dans le marbre des choses qui sont déjà actées: la couverture intégrale des corps, des restrictions de transports, mais donc aussi le chant, la poésie, la voix. Les femmes doivent rester silencieuses.
Cette nouvelle mobilisation vidéo est probablement partie d’une femme intégralement voilée de noir, de la tête aux pieds, visage compris. "Vous m’avez réduite au silence pour les années à venir" scande-t-elle, "emprisonnée chez moi pour le seul crime d’être une femme". Une autre femme afghane ne cache pas son visage et chante, le regard déterminé vers un miroir, alors qu’elle ajuste son voile. "La voix d’une femme, c’est son identité" dit-elle. Dans un message assorti du hashtag "No to taliban" (Non aux talibans). En Afghanistan, l’ONU parle d’"apartheid genré".
Qui croyait vraiment les promesses des talibans?
Pourtant, on peut rappeler que les talibans avaient pris des engagements auprès de la communauté internationale… Mais qui y croyait vraiment? Que peut-on attendre finalement d’un pays doté d’un ministère de la promotion de la vertu et de la prévention du vice. Lors du retour des talibans au pouvoir à Kaboul, le mollah Abdul Ghana Baradar, cofondateur de l’organisation, promettait le pardon aux opposants, le respect des femmes.
Mais très rapidement, les femmes et les filles afghanes se sont vues discriminées à l’école, au travail, dans les lieux publics, dans le simple fait même de circuler dans la rue sans un tuteur masculin. Désormais, c’est l’interdiction de faire entendre sa voix qui choque et qui mobilise. Jusqu’à Melbourne, en Australie, où se produisait Aryana Sayeed. Chanteuse, star afghane, en exil depuis 2021, elle a chanté Liberté en soutien aux afghanes sous le joug taliban.