Syrie: les djihadistes français inquiètent, "grave et inconscient de les laisser dans la nature"

C'est la fin d'une "cruelle dictature" en Syrie, s'est réjoui ce lundi l'Union européenne, après la chute du régime de Bachar al-Assad en Syrie. Le pays plonge dans l'inconnu, dirigé par le groupe HTS qui a mené cette révolution éclair. C'est l'ancienne branche syrienne d'Al-Qaïda qui dit avoir rompu avec le djihadisme. Leur chef affiche une volonté d'apaisement entre les communautés syriennes.
Mais aujourd'hui, les Européens craignent de nouveaux troubles et une autre crise migratoire. Parmi les questions qui se posent aussi, il y a celle du sort des combattants djihadistes français. Notamment ceux détenus dans les camps sous contrôle des forces kurdes dans le nord-est de la Syrie (NES).
L’enjeu est l’intégration du NES dans la transition politique qui se joue à Damas. "On pense bien que les Kurdes vont devoir négocier avec les groupes de l'opposition s'ils veulent être acceptés dans la transition politique. Et donc, pour l'avenir de ces zones et de ces prisons-là, on est dans l'inconnu", explique Arthur Quesnay, docteur en sciences politiques et spécialiste de la Syrie.
“En cas de déstabilisation du NES, le risque, c'est de voir les prisons attaquées et des milliers d’ex-combattants de l’État islamique s’échapper, sachant que l’organisation a toujours des bases puissantes dans le désert syrien et cherche à remobiliser ses troupes pour continuer ses opérations en Irak et Syrie”, poursuit-il.
Environ 200 combattants français en Syrie
Il y aurait un groupe d'une cinquantaine de combattants français parmi les rebelles syriens, ajoute Arthur Quesnay. À leur tête, la figure d'Omar Omsen inquiète Me Samia Maktouf, avocate de victimes d'attentats.
“Omar Omsen était, depuis 2013, le plus grand recruteur de djihadistes français. Il est libre aujourd'hui, car il a passé un accord avec HTS. Il présenterait une menace certaine pour notre sécurité parce qu'on ne sait pas où il est”, explique-t-elle à RMC.
D'après elle, environ 200 combattants français sont répertoriés en Syrie. “Nous avons des questions légitimes quant à leur disparition dans la nature et le risque de les voir à nouveau sur notre territoire. Il est grave et inconscient de les laisser dans la nature”, assure Me Samia Maktouf.
L’avocate demande leur rapatriement, "pas pour leur offrir une belle vie" dit-elle, mais pour les juger pour les crimes commis en Syrie.