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Le gouvernement français envisage de suspendre les demandes d'asile des Syriens

Des Syriens vivant à Trabzon, en Turquie, célèbrent l'effondrement de soixante et un ans de règne du parti Baas en Syrie, le 8 décembre 2024.

Des Syriens vivant à Trabzon, en Turquie, célèbrent l'effondrement de soixante et un ans de règne du parti Baas en Syrie, le 8 décembre 2024. - Hakan Burak Altunoz / ANADOLU / Anadolu via AFP

Ce lundi 9 décembre 2024, quelques jours après la chute du régime de Bachar al-Assad, le ministère de l'Intérieur français a indiqué "travailler sur une suspension des dossiers d'asile en cours provenant de Syrie".

Le ministère de l'Intérieur français a indiqué lundi "travailler sur une suspension des dossiers d'asile en cours provenant de Syrie", après la chute du régime de Bachar al-Assad ce week-end.

"Une décision devrait aboutir dans les heures qui viennent", a indiqué la même source.

En 2023, plus de 4.000 demandes d'asile de ressortissants syriens ont été enregistrées en France, selon les derniers chiffres de l'Office français de protection des réfugiés et apatrides (Ofpra) chargé d'examiner les demandes.

"Risque d'un déferlement migratoire"?

L'Ofpra est sous tutelle financière et administrative du ministère de l'Intérieur, cela n'affecte en rien son "indépendance fonctionnelle", rappelle l'établissement public sur son site internet. Les agents de l'Ofpra ne reçoivent aucune instruction sur le fond des dossiers qu'ils ont à examiner.

Le statut de réfugié défini par la Convention de Genève de 1951 reconnait comme tel toute personne craignant d'être persécutée dans son pays d'origine "du fait de sa race, de sa religion, de sa nationalité, de son appartenance à un certain groupe social ou de ses opinions politiques".

En pleine crise politique, alors que le pays doté d'un gouvernement démissionnaire est à la recherche d'un nouveau Premier ministre, le chef du parti d'extrême droite français Jordan Bardella s'est dit dimanche inquiet du "risque d'un déferlement migratoire", après la chute du dictateur syrien.

À la tête de l'Intérieur depuis plus deux mois, le ministre démissionnaire Bruno Retailleau avait fait du thème l'immigration son cheval de bataille, voulant notamment augmenter les expulsions et diminuer l'octroi des titres de séjour.

L'Allemagne suspend les décisions sur les demandes d'asile de Syriens

Le chef de la diplomatie française, Jean-Noël Barrot, avait qualifié lundi sur France Info de "contre sens absolu" la déclaration de Jordan Bardella. "La France a conditionné d'une certaine manière le retour des réfugiés ou en tout cas a dit que le retour des réfugiés ne pouvait advenir que dans la mesure où ils pouvaient rentrer en Syrie en sécurité, la sécurité n'étant encore tout à fait assurée", a-t-il souligné.

"Cette transition politique doit le permettre de manière à ce que le million de réfugiés syriens au Liban, les millions de réfugiés syriens en Jordanie, ceux qui en Europe souhaiteraient revenir, puissent le faire en toute sérénité", a-t-il ajouté.

Plus tôt dans la journée, l'Allemagne, premier pays européen d'accueil des syriens, avait annoncé suspendre ses décisions sur ces demandes d'asile. Le débat avait été lancé notamment par l'extrême droite et la droite conservatrice, alors que le pays est en pleine campagne électorale.

La rédaction avec AFP