Des Espagnols veulent concurrencer la tour Eiffel avec un monument de 650 mètres de long

Des Espagnols veulent concurrencer la tour Eiffel avec un nouveau monument emblématique. Ils sont peut-être jaloux de voir tous les touristes revenir de France avec leur petite tour Eiffel. Pour rattraper leurs voisins français, les initiateurs du projet ont imaginé concevoir un taureau géant, baptisé "El Toro de Espana", dont le budget est estimé entre 150 et 180 millions d'euros.
Concrètement, il s'agirait d'une structure métallique gigantesque, un taureau colossal de 650 mètres de long, visible à des kilomètres à la ronde. Il a pour le moment été modélisé en 3D par l’Académie espagnole de Tauromachie, à l’origine de ce projet. Cette organisation privée a été créée il y a deux ans et est engagée pour la sauvegarde de la tauromachie.
Ce monument serait ouvert aux visites. Les touristes pourraient aller dans les cornes du taureau. Ce qui offrirait une vue panoramique imprenable. Les concepteurs imaginent aussi une zone de loisir au niveau des sabots, avec un parc à thème, des restaurants, des boutiques de souvenirs. Tout un business qui génèrerait l’équivalent des recettes de la tour Eiffel.
Aucune localisation encore déterminée
Mais les porteurs du projet cherchent toujours un endroit où le construire. La capitale, Madrid, s'est opposé au projet. Certaines communes semblent séduites, souvent des villes rurales, dirigées par des majorités conservatrices. C’est le cas de la ville d’El Molar au nord de la capitale. Un adjoint de la ville de Burgos, étiqueté Vox, le parti d’extrême-droite espagnol, s’est aussi montré favorable, mais il a ensuite été contredit par la maire de la commune.
Ce taureau soulève des questions politiques. La droite et la gauche se déchirent sur le sujet. D’un côté, les plus libéraux et conservateurs voient cette structure géante comme une formidable attraction touristique et une affirmation de l’identité espagnole, rurale. De l’autre, la gauche dénonce une opération idéologique. Le parti de gauche radical Podemos qualifie même ce taureau de "provocation franquiste et anti-animale", le taureau étant associé au passé autoritaire du pays et à la maltraitance animale.
Une manière de promouvoir la corrida
De quoi raviver également le débat sur la tauromachie. L’Académie, à l’origine de ce projet, ne s’en cache pas, elle en fait la promotion. La corrida est considérée pour les uns comme une tradition à préserver et pour d’autres comme une pratique d’un autre temps. Sa popularité décline, aujourd’hui seuls 8% des Espagnols assistent à des corridas. D'après un récent sondage pour le journal El Mundo, 78% des Espagnols y sont opposés, surtout les plus jeunes.
Ce projet soulève de nombreuses questions, mais il est encore très loin de voir le jour. Entre le financement pas totalement estimé, le chantier qui pourrait durer quatre ans et l'absence d'architecte attitré, "El Toro de Espana" est encore loin de rivaliser avec la tour Eiffel.