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Deux gendarmes français arrêtés à Jérusalem: ce que l'on sait de l'incident diplomatique à l'Eléona

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Deux gendarmes français ont été arrêtés par la police israélienne à l'Eléona, un domaine de Jérusalem géré par la France depuis 150 ans. Dans la foulée, le ministre des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot présent sur place a dénoncé "fermement" ces actes. La France a également convoqué l'ambassadeur d'Israël.

Un incident diplomatique a émaillé la visite du ministre des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot à Jérusalem. Un incident qui pourrait crisper un peu plus les relations entre Emmanuel Macron et Benjamin Netanyahu.

Tout s'est déroulé à Jérusalem-Est, au sommet du Mont des Oliviers, au sanctuaire de l’Eléona, un lieu hautement symbolique de la tradition chrétienne et une micro-enclave française. Le site a commencé à être construit par l’empereur romain Constantin 1er, au 4e siècle. Il passe ensuite sous bannière danoise avant d’être récupéré par la France il y a 150 ans. Aujourd’hui, le domaine de 6 hectares comprend une église, une cloître et une grotte.

En déplacement dans la région, le ministre des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot en a profité pour programmer une visite au sanctuaire. Mais rien ne s'est passé comme prévu.

Le domaine national de l'Eléona est un site historique du domaine national français sous protection diplomatique française. Mais il n'est pas protégé par la convention de Vienne sur les relations diplomatiques qui régit les rapports diplomatiques entre États et notamment l'immunité du personnel diplomatique et l'inviolabilité des ambassades.

"Ce n'est pas 'notre territoire'", précise l'ancien ambassadeur de France en Israël Gérard Araud qui ajoute qu'"en principe", selon la France, Israël n'a pas le droit d'y utiliser la force alors que les autorités israéliennes estiment le contraire.

Un gendarme plaqué au sol et embarqué

Avant l'arrivée du ministre, la police israélienne tente de faire irruption dans le sanctuaire, sans autorisation. Le personnel français, qui garde les lieux, leur demande de rester à l'extérieur. Mais les services israéliens entrent malgré tout, illégalement et armés.

Dans des vidéos tournées par plusieurs journalistes français sur place, on voit un gendarme dire à plusieurs reprises à un policier israélien "ne me touche pas, ne me touche pas". Il est ensuite plaqué au sol puis embarqué et conduit au commissariat avec un collègue. Ils seront tous les deux relâchés quelques minutes plus tard.

Des gendarmes censés être protégés par leur statut diplomatique

Ces deux gendarmes sont des gardes de sécurité diplomatique français. Ils sont censés être protégés par leur statut.

Alors pourquoi ont-ils été arrêtés par la police israélienne? Le mystère reste total, aucun élément n'a filtré à ce stade. On ne sait pas pourquoi la police israélienne est entrée illégalement dans le sanctuaire, ni ce qu’elle reprochait aux gendarmes français.

Mais une chose est sûre, cet incident diplomatique a fortement déplu au ministre des Affaires étrangères. "Je condamne fermement ces actes, alors que la France travaille à l’apaisement dans la région", a dénoncé Jean-Noël Barrot, qui a renoncé à visiter le domaine de l’Eléona, dans ces conditions. Dans la foulée, la France a convoqué l'ambassadeur israélien.

Une tradition d'altercations entre présidents français et services de sécurité israéliens

Ce n'est pas la première altercation de ce genre entre les services de sécurité israélien et des officiels français. Le 22 janvier 2020, Emmanuel Macron est en visite dans la vieille ville de Jérusalem. Le président de la République est pris au milieu d’une bousculade devant la basilique Sainte-Anne. Il lance en anglais à un policier israélien "I don't like what you did in front of me" ("Je n'aime pas ce que vous avez fait devant moi").

Mais l'incident le plus connu remonte à 1996. Jacques Chirac, alors président, s’emporte contre des soldats israéliens qui l'encadrent de trop près à son goût lors d'une visite de la vieille ville. Il lance alors un "Do you want me to go back to my plane?" ("Voulez-vous que je remonte à bord de mon avion?"), avant d'exiger que des militaires israéliens sortent du domaine de cette même basilique Sainte-Anne: "Je ne veux pas de gens armés en territoire français", lance-t-il avant que les soldats de Tsahal ne finissent par quitter les lieux.

Amélie Rosique