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"On ne peut plus justifier cette accumulation de morts": ce soldat israélien refuse de retourner à Gaza

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TÉMOIGNAGE RMC. Après plusieurs missions, Yotam, capitaine réserviste de l'armée israélienne, ne veut plus retourner dans Gaza. "Il y a un moment où vous ne pouvez plus justifier cette accumulation de destructions et de morts", déplore-t-il à notre micro, visage découvert, alors qu'un accord de cessez-le-feu doit être signé ce jeudi entre Israël et le Hamas.

"Je n'en pouvais plus", confie Yotam, 28 ans, réserviste de l'armée israélienne et capitaine de son unité. Ce soldat de Tsahal (l'armée israélienne) ne veut plus retourner dans Gaza, témoigne-t-il au micro de RMC, alors qu'un accord de cessez-le-feu entre Israël et le Hamas doit être signé ce jeudi en Égypte. La guerre n'a plus de sens pour lui.

"Je me sens trahi. Pour sa guerre, le gouvernement a utilisé mon engagement envers mes soldats, ma famille et mon pays", dit-il, sachant qu'il risque la prison pour cela.

Des milliers de déserteurs recensés

L'accord de cessez-le-feu prévoit notamment la libération des otages détenus à Gaza mais aussi le retrait - progressif - des troupes israéliennes au sein de l'enclave palestinienne. Et ce alors que les pressions s'accentuent depuis plusieurs mois sur Benjamin Netanyahu et son gouvernement, avec des critiques émanant même au sein de l'armée, à l'instar de Yotam. L’association "Soldats pour les otages", fondée par Yuval Green, recense sur son compte Instagram les récits de ces soldats, considérés comme des déserteurs par l’armée.

Selon les chiffres de Tsahal, relayés par The Times of Israël, 14.600 Israéliens - hommes et femmes – ont été recensés comme réfractaires à la conscription et déserteurs. S'ils risquent la prison, la loi est peu appliquée, rapportent les médias israéliens. Face à un manque croissant de soldats, l'armée avait même proposé cet été une opération "dernière chance de se faire enrôler" sans risquer la case prison.

"C'est terrible mais on a pris l'habitude de voir des horreurs", raconte Yotam

Ceux qui décident de contrevenir à l’appel de l’armée ou de la quitter sont appelés des "refuznik". Yotam a ainsi été mis à pied après avoir signé une pétition s'opposant à la suite des opérations militaires au sein de Gaza. Issu, d'une famille religieuse, il explique qu'après les attaques terroristes du 7 octobre, celui-ci n'a pas hésité. "Je ne suis pas pacifiste. Après le massacre, Israël avait le droit et l'obligation de se défendre. Nous devions combattre le Hamas, j'y suis allé. C'est terrible mais on a pris l'habitude de voir des horreurs."

Puis il y retourne une deuxième fois, après une permission. "Quand vous revenez, c'est là que les émotions sortent. Il y a un moment où vous ne pouvez plus justifier cette accumulation de destructions et de morts. J'ai de la peine pour les civils qui sont déplacés sans cesse. Le Hamas n'est plus vraiment une menace maintenant."

Des prises de paroles qui se multiplient

"Si nous brûlions cette maison, je partais. On a mis le feu, comme à d’autres maisons dans la journée. Le lendemain, je suis parti. Et je ne suis jamais revenu. Jusqu’à ce moment, j’avais beaucoup de doutes pour déterminer ce qui était juste. Mais depuis, c’est très clair. Je ne pouvais pas rester s’ils mettaient le feu à une maison", a également témoigné auprès de Franceinfo Yuval Green, 26 ans, ancien réserviste, qui a combattu à Gaza jusqu'en janvier 2024.

Netanyahu prévient que l'armée israélienne restera à Gaza

Donald Trump, à l'initiative d'un plan de paix en points présenté fin septembre, s'est dit "fier d'annoncer qu'Israël et le Hamas ont tous deux accepté la première phase" de son plan. "Cela veut dire que tous les otages seront libérés très prochainement et qu'Israël retirera ses troupes (de Gaza) jusqu'à la ligne convenue, les premières étapes en vue d'une paix solide et durable."

Le Hamas a accepté de libérer les otages et réclamé le retrait total israélien de Gaza. Mais il n'a pas mentionné son propre désarmement. Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a, lui, souligné que son armée resterait dans la majeure partie de Gaza et répété que le Hamas devait être désarmé.

Marion Gauthier avec Léo Manson